Le ton n’est pas alarmiste. Il est prudent. Face à de telles zones d’ombre, il faut être mesuré. Ne pas plonger le lecteur belge dans la panique, encore moins quand il habite à plus de 8600 kilomètres de Wuhan (province du Hubei). C’est dans cette ville à l'est de la Chine que les premiers cas ont été découverts. A l’époque, 44 hospitalisations sont déclarées suspectes. Les malades présentent les mêmes symptômes. Certains sont alités depuis décembre.
L’épidémie de SRAS en 2002 a démarré de la même manière
Pour les spécialistes chinois, c’est l’alerte rouge. "Quarante-quatre Chinois sont hospitalisés pour une pneumonie grave après avoir visité un marché. L’épidémie de SRAS en 2002 a démarré de la même manière", écrit le Standaard. Le SRAS, syndrome respiratoire aigu sévère, est apparu en Chine avant de s’étendre à une trentaine de pays.
"Ce n’est que plusieurs mois après et 800 décès plus tard que l’épidémie a été maîtrisée grâce à des restrictions du trafic aérien et des mesures de quarantaine strictes", lit-on dans le Standaard. Quarantaine : le mot ne signifie pas grand-chose en Europe. Il va rapidement nous parler.
"Chine + marché + pneumonie : pour les virologues, cette association équivaut à une alerte rouge depuis 2002", dit encore le journal néerlandophone. Il y a une autre similitude entre les deux maladies : on attribue officiellement leur origine à des animaux (la civette via la chauve-souris pour le SRAS, le pangolin pour le covid-19), que l’on peut acheter sur certains marchés locaux. Même si des questionnements subsistent notamment pour le Covid-19 et l’hypothèse d’une fuite du laboratoire de Wuhan.
L’OMS n’a rien de plus que la rumeur
En tout cas, il faut raison garder, écrit le quotidien qui s’appuie également sur la revue spécialisée américaine "Science". "Personne ne sait si nous sommes à nouveau confrontés à un tel scénario de catastrophe. Pour l’instant, l’Organisation mondiale de la santé n’a rien de plus que la rumeur et la couverture dans les médias locaux. Les premiers signaux remontent au 30 décembre, lorsque les autorités sanitaires de Wuhan ont demandé à tous les hôpitaux du territoire de signaler des cas inhabituels de pneumonie." Résultat : 27 rapports.
44 personnes, on l’a dit, sont déjà hospitalisées "dont onze dans un état critique. Ils ont une forte fièvre et sont essoufflés ; les radios montrent des lésions étendues sur les deux poumons."
Les premières analyses de Marc Van Ranst
Interrogé pour commenter cette actualité chinoise, Marc Van Ranst dresse ses premières analyses. "La province du Hubei a parfaitement équipé des laboratoires de virologie, qui disposent du tout dernier équipement pour lire le schéma génétique d’un virus. Même s’il s’agit d’un virus totalement inconnu, on peut en tout cas déterminer à quel groupe de virus il appartient et quelles propriétés pathogènes il possède."
Le spécialiste, devenu depuis incontournable sur la question, adresse à l’époque un bon point aux autorités locales qui ont pris des mesures fortes et rapides : fermeture du marché, sa désinfection, les personnes en contact avec les 44 malades placées en observation… Le pays aurait retenu, selon lui, la leçon de 2002. "La Chine détenait les cartes pendant longtemps à l’époque. En fin de compte, le pays a dû faire appel à une aide extérieure car il ne pouvait pas contrôler l’épidémie elle-même."
La Chine dispose d’équipements pour contenir une épidémie
Cette fois-ci, c’est différent. Et même pour Marc Van Ranst, la maladie peut être contenue. "Contrairement à 2002, ils (les Chinois) peuvent se permettre de le faire cette fois. La Chine dispose désormais de suffisamment d’experts en virus, de toute la technologie nécessaire et d’hôpitaux bien équipés pour analyser et contenir elle-même une épidémie inconnue."
Il enchaîne. "Et parce que la maladie est limitée au territoire chinois pour le moment, c’est un problème chinois que les Chinois aiment naturellement garder pour eux pendant un certain temps."
Marc Van Ranst rassure aussi, dit le Standaard car il n’y aurait eu "aucun rapport de transmission interhumaine ou d’infection du personnel hospitalier en provenance de Chine". "Cela indique que l’infection ne se propage pas ou pas très facilement d’une personne à l’autre et que le risque d’une épidémie mondiale, comme à l’époque du SRAS, ne semble pas très grand", conclut l’expert.
La suite lui a donné tort. Mais comme à tout le monde, à vrai dire. A l’époque, Marc Van Ranst tweete peu sur ce nouveau virus, préférant se prendre le bec avec le Vlaams Belang. Mais lorsqu’il écrit sur le réseau social au sujet de la maladie, il insiste et fait remarquer qu'"actuellement, aucun cluster n’a été observé dans les hôpitaux. Dans le SRAS, la propagation par le personnel de santé a été un problème majeur depuis le tout début de l’épidémie. Le fait que ce ne soit pas le cas ici est un signe encourageant."