Pour l’équipe c’est l’euphorie ? ?
Michael Delaunoy : Après toutes ces années de nomadisme où on avait les bureaux d’un côté, les salles de l’autre, et notre équipe technique qui passait plus de temps dans les embouteillages que dans les salles, c’est un énorme soulagement et un vrai plaisir
Catherine Briard et de notre directeur technique Raymond Delepierre étaient toutes les semaines aux réunions de chantier. C’est eux qui étaient aux avant-postes sur la rénovation, ce qui me permettait de rester sur la direction artistique des projets. Mais on n’était pas formés pour ça, on a quasiment appris un nouveau métier.
Reste le plus important la salle. Rehaussée, ré-équipée, plus de sièges, et un côté écolo, le principe de récupération, du recyclage à moindres frais ?
Michael Delaunoy : On a voulu redonner de la hauteur à la salle et de la respiration. On a donc supprimé l’ancien gradin et le plateau, réhaussé les poutres et gagné 1mètre 50. Ça ne parait pas énorme sur papier, mais ça change tout dans la sensation et pour les scénographes et les éclairagistes, qui ont beaucoup plus de possibilités.
On avait un budget d’1,1 millions pour toute cette rénovation, ce qui à l’échelle d’un théâtre est une petite enveloppe. Il fallait donc ruser avec ça, d’où le travail de récupération. Les sièges viennent du KVS réfugié à Molenbeek pendant de longs travaux. Tout le gril technique, qui nous nous permettra de travailler dans plusieurs configurations date du Palace, à l’époque où le Théâtre National y était. D’autres équipements viennent du théâtre de la Place de Liège, Ce côté archéologique, c’est bien dans l’esprit du Rideau.
On a augmenté la jauge, passant de 120 à 155 places. Ce n’est pas une très grande jauge, mais ça suffit pour le type de travail qu’on mène sur les écritures.
Un petit coup d’œil à votre saison. 2019/2020 Vous privilégiez auteurs et parole plutôt qu’image ?
Michael Delaunoy :On reste exactement sur les mêmes lignes artistiques, comme le travail sur les nouvelles écritures, ce qui ne veut pas dire un théâtre littéraire. Au Rideau, la question du corps est aussi centrale, le rapport de la parole au corps et du corps de l’acteur au corps du spectateur. On est effectivement plus orienté vers la parole que vers l’image, où la vidéo prendrait tout l’espace. Le théâtre est de toute façon pluriel, il absorbe les autres arts, arts plastiques, danse etc :le théâtre fait feu de tout bois.
Après deux metteurs en scène, vos deux artistes associés sont des écrivains
Michael Delaunoy : Après Frédéric Dussenne et Christophe Sermet, deux metteurs en scène, je souhaitais pour les dernières années de ma direction, permettre à deux artistes de la jeune génération d’avoir accès à cet outil. Mon choix s’est porté sur deux artistes qui à la fois écrivent et mettent en scène leur écriture. Céline Delbecq et Axel Cornil nous accompagnent donc pour les trois dernières saisons que je programme au Rideau de Bruxelles.
A Catherine, le mot de la fin. La Rideau, son bâtiment, ses patrons c’est "pieds sur terre et lumière au ciel" ?
Catherine Briard : La lumière est absolument partout dans le bâtiment, c’est le génie du projet. J’ai les pieds sur terre, mais j’aime avoir la lumière dans la tête également. On peut dire qu’on vient de traverser des bourrasques énormes, et on est ravis que le navire ait enfin son lieu où se poser, à bon port, et maintenant, il va prendre une vitesse de croisière avec le fait que l’on travaille tous ensemble. Pour l’équipe, c’est un vrai soulagement d’arriver ici. Il y a une manifestation de joie à toutes les réunions d’équipe.