Santé & Bien-être

Le retour des infections respiratoires justifie-t-il un retour du masque ?

Le retour des infections respiratoires justifie-t-il un retour du masque ?

© Franky De Meyer

Après un début d’année plus doux que d’ordinaire, le froid fait son grand retour. Il est accompagné de nombreuses infections respiratoires, comme le Covid, la grippe ou encore la bronchiolite. Plus de 1200 personnes porteuses du Covid sont actuellement hospitalisées en Belgique.

Cette situation épidémiologique risque de mettre sous pression le système de santé et préoccupe les pouvoirs publics comme l’indique la récente prise de parole du ministre de la Santé Frank Vandenbroucke auprès de la Dernière Heure : "La pression sur le personnel soignant dans les hôpitaux est vraiment quelque chose qui doit nous préoccuper" et "il y a des difficultés à répondre à la demande au vu de la pénurie de personnel soignant".

Afin de limiter la propagation des différentes infections, le ministre plaide à présent pour une "culture du masque" : "S’il y a des gens qui veulent porter un masque FFP2 parce qu’ils se sentent fragiles, des gens plus âgés dans un tram ou un bus, ils ne doivent pas être gênés". En effet, Frank Vandenbroucke estime que selon les situations, dans les transports ou certains lieux clos par exemple, le masque doit continuer à faire partie de l’arsenal pour la lutte contre les maladies respiratoires très contagieuses.

Outre-Quiévrain, depuis plusieurs jours, le gouvernement français multiplie les appels à la responsabilité individuelle et collective. D’ailleurs, le ministre français de la Santé François Braun n’exclut pas un retour de l’obligation du port du masque dans les transports si la situation l’exige : "Ma main ne tremblera pas s’il faut imposer le masque dans les transports. Nous faisons désormais face à une triple épidémie de grippe, bronchiolite et Covid".

Après cet état des lieux, la question du retour de l’obligation du port du masque se pose. Entre recommandation et obligation, où placer le curseur ?

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Un masque, utile mais pas obligatoire

Pour Christelle Meuris, infectiologue au CHU de Liège, le masque reste un outil utile et efficace pour se protéger et protéger les autres : "Les masques sont aujourd’hui accessibles, que ce soit les masques chirurgicaux ou FFP2. Ils sont efficaces et peuvent être utiles dans les transports aux heures de grande influence. Aussi, il ne faut pas oublier qu’il n’est pas nécessaire d’être une personne fragile pour porter un masque. On peut tout simplement vouloir se protéger".

Pour autant, l’infectiologue ne croit pas en l’obligation et selon elle, la situation actuelle ne l’exige pas : "Je pense que ça n’a pas de justification à ce stade. On a une couverture vaccinale qui pourrait être meilleure mais elle est loin d’être insuffisante. En réalité, ce serait même contre productif de vouloir imposer une obligation".

En effet, Christelle Meuris explique qu’il y a eu suffisamment de reproches faits aux experts et aux politiques par rapport à des mesures jugées exagérées, ce qui la laisse penser que ce n’est pas la solution à adopter.

Christelle Meuris va même plus loin. Elle explique qu’une aversion pour le masque s’est installée et qu’en porter devient presque stigmatisant, y compris pour les personnes malades : "Ce serait bien qu’au niveau sociétal, on ne se dise pas que porter un masque, c’est quelque chose d’étrange ou de bizarre même quand il n’y a plus d’obligation".

Pour ces raisons, l’experte défend plutôt l’éducation à la place de la coercition. "À ce stade, nous avons besoin d’une vision de plus long terme où l’éducation à la santé et la prévention seraient au centre de tout".

Un "plan hiver" pour sensibiliser

Afin de faire face à ces maladies, l’infectiologue plaide pour un "plan hiver", à l’image des plans canicule ou grand froid. Par plan hiver, comprenez une stratégie pour lutter contre les maladies respiratoires et pas contre la précarité énergétique en temps de grand froid par exemple.

Mais en quoi cela consisterait ? "Pour un plan hiver, il faudrait continuer à avoir le discours qu’on a eu durant les dernières années. Je pense au lavage des mains ou à veiller à une ventilation correcte. Ça ne veut pas dire ouvrir grand les fenêtres pour qu’il fasse 15 degrés ! Entre ouvrir une fenêtre est suffisant. Si ce n’est pas possible, par exemple dans de vieillies salles de classe, il est possible d’aérer toutes les heures ou deux heures".

Même son de cloche de la part de Delphine Mathieu, chef du service infectiologie-PCI du CHU Tivoli, qui souhaite favoriser la sensibilisation, même si elle admet la difficulté de la tâche.

Les bons gestes à ne pas oublier

Mais masque ou pas, les deux expertes s’accordent pour dire que les infections respiratoires sont un phénomène annuel et que les gestes barrières et la limitation des contacts pratiqués durant les années Covid ont démontré leur efficacité contre la circulation des virus. En résumé, elles appellent au bon sens et au civisme de chacun et chacun.

"Ça passe aussi par le bon sens. Quand je suis malade et que j’ai des symptômes respiratoires, ce n’est peut-être pas le bon moment d’aller à une fête de famille. Si je dois partir travailler, je porte un masque, je me lave les mains, je prends du gel hydroalcoolique… Ces mesures auraient dû être intégrées au long cours et cela empêcherait la circulation des virus", indique Christelle Meuris.

Delphine Mathieu, quant à elle, insiste sur l’importance de la vaccination. La chef du service voit bien la différence dans son hôpital où les nouvelles infections touchent principalement les jeunes car les personnes plus âgées sont mieux protégées, grâce à la vaccination : "Je serais curieux de savoir quel pourcentage de la population a fait son vaccin grippe à l’heure où on parle", s’interroge Delphine Mathieu.

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