En quelques décennies, les musiques urbaines sont passées du statut de paria au top des ventes. Mais cette irrésistible ascension ralentit aux États-Unis, berceau du rap et du hip-hop. Les deux genres musicaux ont représenté 28% du marché américain de la musique sur les neuf premiers mois de 2022. C’est moins que l’année précédente.
Dans le détail, il s’agit seulement d’une baisse de 1% par rapport à la même période en 2021, selon le Wall Street Journal, qui s’appuie sur les données de Luminate. Le rap et le hip-hop sont toutefois les seuls genres musicaux à connaître une certaine érosion dans le pays qui les a vus naître. Le rock, la pop, la country et la musique latine y semblent immunisés, même si leurs parts de marché restent nettement inférieures à celles du répertoire dit "urbain".
Le classement des meilleures ventes d’albums établi chaque semaine par le magazine Billboard confirme cette légère baisse de régime. Seuls dix albums de rap en ont pris la tête depuis le début de l’année, dont "I Never Liked You" de Future, "Certified Lover Boy" de Drake ou encore "My Turn" de Lil Baby. Ils étaient quinze à avoir atteint la première place du classement Billboard 200 à la même période en 2021, et 17 en 2020.
Plusieurs facteurs expliquent le léger désamour que manifestent, depuis peu, les Américains vis-à-vis du rap et du hip-hop. Tout d’abord, la montée en puissance de la musique latine, portée par des artistes comme Karol G, J. Balvin, Maluma, Rosália et Rauw Alejandro. Mais le champion incontesté du genre n’est autre que Benito Antonio Martínez Ocasio, alias Bad Bunny. Le Portoricain est notamment l’artiste le plus écouté de 2021 sur Spotify, devant Drake, la superstar canadienne du rap.