Former rapidement un gouvernement avec le PS pour instaurer le confédéralisme après les prochaines élections. C’est la proposition de Bart De Wever ce week-end. Les socialistes sont désignés comme le problème principal du pays, et en même temps comme le seul parti crédible.
Le plan A
La N-VA se retrouve dans une situation compliquée. Elle tape durement sur la Vivaldi, un gouvernement dominé par le PS et minoritaire en Flandre. Bart De Wever qualifie la Vivaldi comme un gouvernement de gauche qui dirige le pays contre les intérêts de la Flandre. Et que propose-t-il pour mettre un terme à cette domination socialiste ? De mettre en place très vite après le scrutin un gouvernement avec les socialistes.
Pour sortir de cette contradiction, Bart De Wever n’évoque pas un gouvernement normal (le seul que prévoit la constitution) mais un gouvernement de liquidation de l’Etat belge dans sa forme actuelle. Un cabinet d’urgence qui devra négocier le confédéralisme.
Le PS est donc le problème de la N-VA et en même temps la seule solution. Le Belgicanisme du MR, d’ECOLO, de DEFI, des Engagés et du PTB empêche toute évolution vers le confédéralisme. Bart De Wever a donc une préférence pour le PS. Les autres partis ne semblent pas compter.
Et le plan B ?
Le Vlaams Belang n’est pas la solution. Tout en restant opposé par principe au cordon sanitaire, Bart De Wever l’a répété une fois encore, il n’est pas question de gouverner avec le Vlaams Belang. Pour lui, gouverner avec le Vlaams Belang fermerait la possibilité de négocier avec les francophones. Le scénario d’une révolution au niveau flamand pour imposer la scission ? Un scénario à la catalane ? Il n’en veut pas.
La Suédoise ? L’idée de faire un gouvernement avec les seuls partis de droite ? Gouverner comme la N-VA le veut pour éviter la scission ? Tous les sondages montrent que l’option est désormais impossible et la personnalité du président du MR ne facilite pas les choses.
Le PS reste donc, encore et toujours, la pierre angulaire du dispositif deweverien. Cela semble un mantra : reprendre le travail là où il l’avait laissé en 2019. Bart De Wever avait négocié tout l’été avec Paul Magnette. Il avait caressé son rêve d’une réforme des institutions. Un travail qu’il avait déjà entamé en 2010, dans la villa de Vollezelle, où nationalistes et socialistes avait longuement discuté, avant d’échouer.
Bref, pour Bart De Wever c’est le PS, ou rien. Le PS ou le chaos, puisque c’est entendu, pour la N-VA la Belgique est en fin de vie.
Et le PS là-dedans ?
Le PS tempère mais ne ferme pas la porte à ce rôle. Ces déclarations de la N-VA arrangent et dérangent en même temps le PS.
Elles les arrangent car le PS est en grande difficulté. Il risque de perdre sa place de premier parti francophone, et pire encore sa place de premier parti de gauche francophone, au profit du PTB. Or, le fait d’être considéré comme le seul interlocuteur crédible par la N-VA donne au PS une position centrale dans la campagne.
En même temps, elles dérangent le PS car l’unitarisme gagne des parts de marché côté francophone. Négocier avec la N-VA apparaît presque comme un gros mot. Déjà en 2014, le MR avait d’ailleurs dû affirmer qu’il n’irait jamais au pouvoir avec Bart De Wever avant de se dédire et de former la Suédoise. Depuis lors, le PTB mène une campagne ouvertement unitariste et dénonce l’alliance qui se prépare entre socialistes et nationalistes via Vooruit.
Le PS n’a jamais dit jamais à la N-VA. Tout en disant qu’il préfère le gouvernement le plus à gauche possible, la porte n’est jamais fermée. Et puis le PS sait que les francophones vont devant de graves problèmes budgétaires, ils risquent de ne plus être demandeurs de rien bien longtemps.
Face au risque d’un bloc nationaliste majoritaire, la position fédéraliste voire unitariste des autres partis francophones ne peut mener qu’à un blocage profond. Soit un nouveau gouvernement sans la N-VA, sur base de la Vivaldi, se dessine. Soit, comme souvent depuis la fin des années 60, la négociation d’une réforme de l’Etat s’imposera comme la seule option pour éviter le chaos. Pour le PS la N-VA est une option comme une autre pour accéder au pouvoir. Mais pour la N-VA, le PS semble bien indispensable.