Politique

Le Président de l'Union Wallonne des Entreprises à Jeudi en Prime : des craintes pour la compétitivité des entreprises dans le contexte actuel

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Par Jean-François Noulet

C’est Pierre Mottet, Président de l’Union Wallonne des Entreprises (UWE), qui était l’invité de Jeudi en Prime, sur la Une, après le Journal Télévisé. L’Union Wallonne des Entreprises défend les intérêts de 79.000 entreprises de toutes tailles qui valent pour plus de 700.000 emplois wallons. Il est aussi le Président de l’entreprise wallonne IBA.

Coût de l’énergie, difficultés d’approvisionnement sur fond de guerre en Ukraine et de sanctions contre la Russie, Plan de relance wallon et finances publiques wallonnes étaient autant de thèmes abordés dans l’émission.

Face au coût de l’énergie, "en France, le gouvernement est intervenu de façon plus massive"

La flambée des prix de l’énergie n’épargne pas les entreprises. Certaines envisagent ou ont déjà décidé de ralentir ou de stopper leur production, espérant un retour des prix de l’énergie à des niveaux plus acceptables. Toutes les entreprises ne sont pas touchées de la même manière. "Ce qui se traduit en milliers d’euros supplémentaires sur la facture des ménages se traduit en millions d’euros supplémentaires sur la facture des entreprises. Pour certaines, cela fait toute la différence entre la continuité et la discontinuité", reconnaît Pierre Mottet, Président de l’Union Wallonne des Entreprises.

Face à cette situation, le Président de l’UWE salue la prolongation du chômage temporaire de la période Covid, au moins jusqu’au mois de juin prochain. "Il faut pouvoir reconnaître la rapidité de décision et d’exécution à cet égard", déclare Pierre Mottet.

Par contre, pour ce qui est du coût de l’énergie, là où le gouvernement a pris des mesures pour alléger la facture des ménages, pour les entreprises, sur ce plan, "il n’y a pas d’intervention qui a été faite", réagit Pierre Mottet. Le patron wallon compare alors la situation belge avec ce qui a été fait en France. "En France, le gouvernement est intervenu de façon beaucoup plus massive, avec la conséquence que l’inflation est extrêmement limitée en France par rapport à ce que l’on voit en Belgique", explique Pierre Mottet. Par rapport à cela, "la Belgique est probablement encore en train d’accroître son différentiel de compétitivité à travers l’inflation et donc à travers l’indexation qui va suivre", craint le patron wallon.

Forte inflation et indexation automatique : un problème pour les entreprises, selon l’UWE

Face à ce risque de perte de compétitivité en raison de l’inflation et de l’indexation automatique des salaires qui en découle, dans le monde patronal, le débat sur l’opportunité de cette indexation automatique des salaires semble reprendre vigueur.

Le Président de l’Union Wallonne des Entreprises souligne "la situation assez exceptionnelle de la Belgique" où l’indexation des salaires se fait automatiquement. "Cela ne signifie pas du tout que l’entreprise n’est pas prête à avoir des salaires qui évoluent, mais c’est le côté automatique pour lequel on dit que c’est une pénalisation par rapport à ce qui se passe dans d’autres pays", explique Pierre Mottet. "Cela signifie une augmentation plus immédiate et parfois supérieure et non reliée au contexte spécifique d’un secteur. Les Français vont négocier par secteur, les Allemands aussi", poursuit Pierre Mottet pour qui "certaines entreprises (ndlr : belges) n’ont pas la même flexibilité".

Pour Pierre Mottet, l’indexation devrait être une priorité pour les bas salaires, pour "les gens qui sont le plus proches du niveau du piège à l’emploi", mais "n’ayons pas toute la masse salariale qui augmente automatiquement, et en particulier sur les hauts salaires", plaide le Président de l'Union Wallonne des Entreprises.

Les entreprises devraient-elles plus intervenir dans les frais de déplacements de leurs travailleurs ?

La semaine dernière, dans Jeudi en Prime, le Président du PS, Paul Magnette estimait que les entreprises devaient intervenir plus dans le remboursement des frais de déplacement de leurs salariés, face à la flambée des prix des carburants.

Pour le Président de l’Union Wallonne des Entreprises, cela doit se gérer au cas par cas, selon la situation des entreprises. "Différentes entreprises ont été interpellées par leurs employés. Il y a des entreprises qui sont dans des situations différentes", explique Pierre Mottet. "Certaines entreprises ont plus de capacités et le font, je pense, déjà spontanément parfois aujourd’hui. Pour d’autres sociétés, ce serait la goutte d’eau qui ferait déborder le vase et ce serait le dépôt de bilan ou l’arrêt d’activité", expose Pierre Mottet.

Pour le Président de l’UWE, c’est "au niveau des transports publics qu’il faut que plus de choses soient faites". "Aujourd’hui, en particulier, la personne qui doit aller au travail à 5 heures du matin, c’est vraiment compliqué", regrette Pierre Mottet.

Le nouveau Plan de relance wallon : "une union sacrée"

Cette semaine, le gouvernement wallon a conclu avec les syndicats, le patronat et les organisations environnementales un accord sur le Plan de Relance wallon. Il s’agit pour tous ces acteurs d’avancer ensemble pour redresser la Wallonie. 4 axes prioritaires autour desquels s’articulent une quarantaine de projets ont été retenus dans l’optique de concentrer les efforts et d’éviter le saupoudrage entre ministres.

C’est "un plan de relance sur lequel beaucoup d’argent est mis", reconnaît Pierre Mottet. C’est une "union sacrée". Le Plan sur la table tient compte "des critiques relativement convergentes" que les patrons wallons et les syndicats ont émises. Pour Pierre Mottet, ce plan, c’est l’occasion de ne plus "tirer chacun la corde de notre côté dans un plan de relance qui risque de faire du surplace" et "peut-être de développer une nouvelle culture d’interconnexion entre les syndicats, le monde patronal et le monde de l’environnement". "Si sur 50 ou 60%, on dit la même chose, à savoir qu’il faut plus d’activité économique en Wallonie, qu’il faut plus d’emplois de qualité et qu’il faut minimiser l’impact environnemental, c’est ça qui pour nous a fait la différence", ajoute Pierre Mottet.

Reste à financer ce plan de relance, en partie via des aides européennes, en partie en empruntant. Attention aux emprunts, avertit l’UWE, dans une Région Wallonne déjà fortement endettée, "à 200% de son budget et à 300% dans 5 à 10 ans avec cette situation-là", explique Pierre Mottet. "Tant qu’il y a des banquiers qui prêtent, on comprend que ce soit ça", explique Pierre Mottet. Mais pour les patrons wallons, il faudrait revoir le système. Le budget "base zéro" qui était annoncé au niveau du gouvernement wallon pourrait apporter des réponses. Il faut "un examen en profondeur des dépenses du gouvernement", demande Pierre Mottet, avec "une visibilité dans le futur entre les dépenses courantes d’un budget courant qui soit en équilibre et un budget d’investissement sur lequel on peut investir pour le futur". Car "si on prend de la dette que les générations futures vont devoir rembourser, ce ne serait pas éthique que ce soit pour des dépenses courantes", conclut Pierre Mottet.

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