Le conte d’Antoine de Saint-Exupéry a depuis sa publication en avril 1943 connu un succès inhabituel et unique dans le monde de l’histoire de l’édition. Traduis en 535 langues et dialectes, "Le Petit Prince" a même connu une édition en hiéroglyphe et en morse. Un témoignage clair de l’universalité de ce conte. Une caractéristique due notamment, selon Olivier Odaert professeur de littérature et de philosophie à l’École supérieure des arts de Tournai, à la capacité d’Antoine de Saint-Exupéry à redonner vie à un archétype millénaire : l’enfant éternel. Un enfant symbole des potentialités non développées, ignorées durant notre enfance. Un archétype dont les caractéristiques ont été retrouvées par les anthropologues dans toutes les religions et les mythologies. Et il semblerait, toujours selon Olivier Odaert, que Saint-Exupéry soit parvenu à donner sa forme moderne à cet enfant. Une forme universelle, reconnue par tous mais qui tient de son époque et du parcours de son auteur.
Aujourd’hui, tombé dans le domaine public, "Le Petit Prince" est devenu une marque. Exploité et monétisé, le personnage de Saint-Exupéry s’exporte dans les musées, les parcs d’attractions, les expositions immersives et se décline sous divers produits. L’œuvre originale semble, elle, toujours plaire aux enfants et aux parents puisque les chiffres de vente atteignent, à ce jour, 150 millions d’exemplaires vendus. Et si le récit du petit prince agace certains par sa banalité. Il charme beaucoup d’autre part sa capacité à réenchanter les choses devenues grises et ordinaire.