"Ce n’était pas juste un choix stylistique. J’ai estimé que c’était un choix conceptuel de faire un film sur le colorisme (la discrimination fondée sur la teinte de la peau, ndlr) qui soit lui-même purgé de toute couleur", a expliqué la réalisatrice lors du festival de Sundance.
"On regarde des visages et puis on les range immédiatement dans des catégories… Les catégories finissent par avoir une importance, mais elles sont aussi souvent absurdes", poursuit Rebecca Hall.
Le foisonnement actuel de projets cinématographiques en noir et blanc est-il une coïncidence ?
Certains experts pointent du doigt des tendances similaires sur Instagram et les réseaux sociaux, qui pourraient expliquer pourquoi le public – qui associait jusqu’alors ce genre à des films démodés, intellectuels ou ennuyeux – est maintenant prêt à s’y intéresser.
"En nous habituant à des images aux couleurs modifiées, y compris des photos et vidéos en noir et blanc, elles peuvent devenir moins étroitement associées au passé. […] On commence à les voir seulement comme des choix esthétiques", écrit Alissa Wilkinson, du magazine culturel Vox.
Pour Mike Mills, le noir et blanc est tellement "abstrait" qu’il produit un effet presque "magique sur le spectateur". "On n’est plus dans le monde réel. On est propulsé dans une histoire, dans l’art", confie-t-il.