Ouverture aux minorités, multimédia, élargissement à d'autres continents que l'Europe et l'Amérique du nord : le MoMA de New York, qui doit ouvrir de nouveaux espaces en 2019, s'expose dans toutes ses dimensions à la Fondation Vuitton à Paris.
"La caractéristique du nouveau MoMA, c'est une ouverture générale. Ouverture géographique, culturelle ; sur le genre ; aux nouveaux médias", déclare Suzanne Pagé, la directrice artistique de la fondation qui avait accueilli 1,2 million de visiteurs avec la collection Chtchoukine (octobre 2016-mars 2017).
Peinture, sculpture, architecture, photographie, design, cinéma et graphisme... Le nouveau MoMA développe une "porosité accentuée" entre les moyens d'expression. "La pluridisciplinarité existait depuis le départ, elle était même au coeur de la conception du musée; elle devient interdisciplinarité", poursuit Suzanne Pagé.
A travers quelques 200 oeuvres de sa collection, "Être moderne : le MoMA à Paris" (ouverture mercredi jusqu'au 5 mars 2018) est "un manifeste" des nouvelles orientations de son directeur Glenn Lowry, qui a lancé des travaux pour augmenter l'espace d'exposition de près de 5.000 mètres carrés.
En pénétrant dans les premières salles du spectaculaire bâtiment de la Fondation on retrouve comme de vieux amis perdus de vue, des icônes du XXe siècle dont on avait presque oublié qu'elles étaient d'abord des tableaux : "Persistance de la mémoire" (24 cm sur 33) de Dali et ses montres molles, "Oiseau dans l'espace" de Brancusi, retenu plusieurs années par les douanes américaines comme ustensile de cuisine, "Le faux miroir" de Magritte et son oeil à l'iris rempli de nuages, ou l'étrange "Maison près de la voie ferrée" d'Edward Hopper, une des premières peintures à entrer dans les collections du MoMA, un an après sa fondation en 1929.
Si Alfred H. Barr, directeur originel et théoricien du musée, l'a dès le départ conçu comme pluridisciplinaire, ses premières acquisitions se portent sur des chefs d'oeuvre des avant-gardes européennes : "Le Baigneur" de Cézanne, "L'atelier" de Picasso, dont le MoMA possède 1.300 oeuvres, "Le Départ", exceptionnel tryptique de Max Beckmann, ou la magnifique série "Stati d'Animo" du futuriste italien Umberto Boccioni.
Mickey
Dès l'origine, le cinéma est présent : "Steamboat Willie", le premier Mickey de Walt Disney en 1928, côtoie "Le Cuirassé Potemkine", mais aussi le plus ancien long métrage connu avec des acteurs noirs ("Sortie du Lime Kiln Club", 1914-1924).