Matin Première

Le mélange insoluble des droites nationalistes en Europe

Par L'oeil d'Olivier Hanrion via

C'est une visite qui fait la Une de la presse en ce moment : celle de Marine le Pen en Hongrie. La candidate du Rassemblement national à la présidence de la République française y a rencontré le premier ministre Viktor Orban.

 

Tapis rouge pour Marine Lepen


Et pour cette première rencontre officielle, Viktor Orban a mis les petits plats dans les grands. Escorte policière, tapis rouge, conférence de presse. Marine le Pen n’en revenait pas. Sur les réseaux sociaux, elle a posté la vidéo du cortège tout en gyrophare de voitures officielles qui la conduisait jusqu’au monastère des Carmélites, le bureau du premier ministre
J’aurai fait pareil… Les honneurs présidentiels ça fait toujours plaisir… surtout qu’elle est prési… ah non… euh… ben elle est députée tout de même.

Et aussi un peu en panne dans les sondages face à au polémiste Eric Zemmour, toujours pas officiellement candidat mais bien installé dans les starting blocks. D’ailleurs lui aussi avait fait le pèlerinage à Budapest il y a un mois.


Budapest : le passage obligé pour obtenir son brevet en souverainisme 

 

Viktor Orban est devenu une figure incontournable du nationalisme en Europe. Dès qu’il en a l’occasion, il tire à la sulfateuse sur cette Europe de technocrates sans légitimité démocratique et qui décide à la place des peuples. 
Et puis Viktor Orban, c’est surtout le champion toute catégorie de la lutte contre l’immigration. Le premier à avoir reconstruit un mur à ses frontières en 2015 pour se protéger des migrants. 
Bref, souveraineté, immigration, il coche toutes les cases du bingo de l’extrême droite en Europe. Conséquence : l’Italien Matteo Salvini, Le Neerlandais Geert Wilders, l’Autrichien Norbert Hofer... ils se bousculent tous à Budapest. Ne manquait que la Française. C’est chose faite. 


Qu’est ce que Viktor Orban gagne à s’afficher avec Marine le Pen ?

 

Jusqu’à présent il avait toujours maintenu ses distances avec elle, mais lui aussi se prépare à des élections. En avril l’année prochaine. Et cette fois, l’opposition hongroise unifiée pourrait lui donner du fil à retordre. En s’affichant avec Marine Le Pen il conforte son image de parrain des souverainistes en Europe. Un parrain qui depuis qu’il a quitté le PPE, la famille politique de centre droit, aimerait bien porter sur les fonds baptismaux un nouveau groupe au Parlement européen. Une coalition de la droite de la droite. C’est aussi le rêve de Marine le Pen. 


L’extrême droite veut peser plus lourd dans les institutions européennes pour peser sur les institutions européennes


D’autant que dans quelques mois, tous les postes importants du PE vont être redistribués, comme chaque fois à mi-mandat. Mathématiquement, ces souverainistes pourraient représenter le deuxième groupe dans l’hémicycle. Regroupés, ils disposeraient de plus de leviers pour façonner l’Europe dont ils rêvent. Ils s’y préparent depuis quelque temps déjà.

En juillet dernier 16 partis conservateurs et d’extrême droite avaient déjà signé une déclaration commune pour réformer l’Europe, mais elle tarde à se concrétiser.

 

Attention à la propagation du virus d'extrême-droite qui pourrait faire tâche d'huile

 

Parce qu’au-delà du rejet de l’Union telle qu’elle existe, ce sont surtout les désaccords qui réunissent ces différents partis. Ils ne s’entendent sur rien. Entre les pro et les anti-russes, entre les partisans d’une économie libérale et les interventionnistes, ou même sur les questions de société, difficile de dessiner des politiques communes. En fait un grand groupe des différentes extrême-droites en Europe, c’est une peu comme vouloir mélanger de l’huile et l’eau, ça ne marche pas et c'est trouble. Mais attention leurs idées éclaboussent et ça peut faire tache d’huile. Ce qui est parti de Hongrie a déjà touché la Pologne. Pourrait s’étendre à la Slovénie. Demain peut-être à l’Italie ou la France et qu’importe si leur entente n’est que de circonstance, les souverainistes pèseraient alors suffisamment lourd pour influencer le cours de l’Union européenne. De manière indélébile.

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