On parle de plus de 800 Juifs sauvés par Gino Bartali...
A peu près 800 Juifs ont été sauvés par un réseau d'aide aux persécutés, qui a été créé en 1943, au moment de l'occupation de l'Italie par l'Allemagne nazie. Cette occupation a duré jusqu'à la fin de la guerre, en particulier au centre et au nord du pays. Ce réseau était constitué de membres de l'église catholique, dont des évêques, ceux de Gênes, de Florence, d'Assise. Et il était aussi constitué de personnalités juives, comme le Rabbin de Florence Nathan Cassuto, qui a ensuite été déporté vers Auschwitz. Ce réseau voulait cacher des Juifs, en particulier dans des couvents. Gino Bartali était très catholique, et l'évêque de Florence lui a proposé d'entrer dans le réseau. Il avait un rôle, il transportait des faux papiers, dans le cadre de son vélo. Il démontait lui-même son vélo, pour y cacher les documents. En cas de contrôle, les papiers n'étaient jamais retrouvés. Bartali disait qu'il était en train de s'entraîner, ce qui semblait normal, puisqu'il était un grand cycliste professionnel, et qu'il devait aussi s'entraîner pendant la guerre. Il prenait les faux papiers à l'imprimerie, à Assise, et il les transportait jusqu'à Florence. Dans la même journée, il faisait parfois 200 kilomètres à l'aller, et 200 kilomètres au retour. Et ces faux papiers permettaient à des Juifs, réfugiés dans des couvents, de retrouver la liberté, sous une fausse identité.
Il a pris de gros risques, en faisant cela. Il était très courageux...
Il a pris des risques énormes, et il a montré un courage énorme. D'autres, parmi ces "coursiers de la liberté", d'autres membres de ce réseau d'aide aux Juifs persécutés, ont été capturés et fusillés. Lui, il a toujours pu se sauver. Quand il était contrôlé, il jouait un peu la comédie, il parlait de sport. Et même les militaires allemands qui le contrôlaient étaient séduits par sa capacité à parler de ses exploits au Tour de France, ou au Tour d'Italie. C'est comme ça qu'il arrivait toujours à s'en sortir. Et parce que son vélo n'a donc jamais été contrôlé. Mais il a vraiment risqué gros, un jour. Il a été capturé par un groupe de militaires fascistes, particulièrement sanguinaires, qui voulaient lui faire la peau. Il a pu avoir la vie sauve, grâce à une série de coïncidences favorables.
De tout cela, il n'a jamais parlé, après la guerre...
Non, il a toujours dit que cela devait rester dans sa mémoire à lui, qu'il ne voulait pas se glorifier du sacrifice des autres. Parce que d'autres personnes avaient perdu la vie, à la suite de leur engagement dans le même réseau. Il voulait garder ces récits pour lui. Il a toujours affirmé qu'il ne voulait être populaire que pour ses exploits sportifs. Et que le reste était gravé dans son coeur.