Courante jusqu'aux années 60, la cohabitation avec des parents vieillissants est devenue presque exceptionnelle en France, remplacée par le maintien à domicile ou par les Ehpad, maisons de retraite médicalisées, comme celles du groupe Orpea accusé de maltraitance dans le livre-enquête "Les Fossoyeurs".
"250.000 enfants aidants vivent avec un parent dépendant : 50.000 qui 're-cohabitent' avec lui pour l'aider. Et 200.000 qui se sont réinstallés chez leur parent, souvent après une séparation ou une perte d'emploi, et s'occupent de lui lorsqu'il devient dépendant", explique Maks Banens, sociodémographe au Centre Max Weber, un laboratoire de recherche du CNRS affilé à l'Université Lyon 2.
"Chacun fait comme il peut mais cela nous paraît naturel : nous avons eu l'exemple de ma belle-mère, infirmière, qui s'est occupée chez elle de son mari atteint d'un cancer, puis de son beau-père jusqu'à sa fin de vie. Elle héberge maintenant la tante de son mari", explique Alix.
Se préparant pour accueillir bientôt les deux nonagénaires chez elle, elle a organisé un dispositif pour l'aider : "Une jeune fille qui peut venir de 9h à 16h, des religieuses d'un couvent proche qui peuvent donner les soins infirmiers et passer du temps avec elles. Une amie médecin m'a dit de l'appeler à n'importe quel moment du jour ou de la nuit".
"Ma grand-mère m'a dit : 'Ici il y a de la vie !'"
Dans ma famille, certains m'ont confié : "S'il y a un autre confinement, on préfère qu'elle soit chez toi plutôt que personne ne puisse la voir en Ehpad".