Handball

Le handball belge en plein boum… Tout le monde se lève pour les vedettes de la roucoulette !

© Ronald Degand / RTBF / Samuël Grulois

Par Samuël Grulois via

La 28e Coupe du monde masculine de handball touche à sa fin. On connaîtra ce soir, à l’issue des demi-finales Espagne-Danemark et Suède-France, l’affiche de la grande finale programmée dimanche à Stockholm. La Belgique, elle, a quitté le tournoi lundi après une courte défaite 24-22 face aux Etats-Unis. Une ultime défaite qui n’enlève rien au parcours encourageant des Red Wolves qui, on le rappelle, disputaient le Mondial pour la première fois depuis la création de la compétition en 1938 ! Leurs prestations, diffusées en direct sur la RTBF et largement commentées dans les médias de presse écrite et sur les réseaux sociaux, ont inévitablement attiré les regards.

Après cet énorme focus médiatique, les clubs belges doivent-il s’attendre à un boum des affiliations ? Jadis, le judo a bénéficié des médailles d’Ingrid Berghmans et de Robert Van de Walle, le tennis a profité des performances de Justine Henin et de Kim Clijsters et, aujourd’hui, les clubs cyclistes voient débarquer des grappes de gamins fans de Wout Van Aert et de Remco Evenepoel. Et puisqu’on évoque, avec le handball, un sport collectif, les titres glanés par notre équipe nationale de hockey ont donné naissance à de nombreuses nouvelles structures dans des zones historiquement moins sensibles au stick, au pénalty-corner ou au stroke.

Actuellement, on recense à la grosse louche 10.000 handballeurs en Belgique. En Wallonie, les clubs les plus " populeux " ont pour noms Visé, Eynatten-Raeren, Eupen et Tournai. La formation n’a plus de secret pour eux. On y enseigne chaque semaine avec passion l’art du lob et de la roucoulette. Nous nous sommes rendus à Tournai pour y rencontrer Laurent Vanden Brande, le président de l’Estudiantès, actuel huitième de la Division 1 nationale (NDLR : l’étage juste en-dessous de la BENE-League, le championnat belgo-néerlandais). Comme partout, le Covid y a fait des dégâts. Aujourd’hui, l’" Estu ", dont le budget avoisine les 100.000 euros, compte 160 membres. L’objectif est clair : rejoindre dans les cinq ans la BENE-League et le cap des 200 affiliés !

Le boum du handball, interview Laurent Vanden Brande, président de l'Estudiantès Tournai

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C’est évident qu’au niveau de la Ligue Francophone et de l’Union Royale Belge de Handball, l’occasion est belle de faire parler positivement de notre sport.

Monsieur Vanden Brande, on a rarement autant parlé de handball à la télévision, à la radio, dans les journaux… Ce n’est que du positif pour votre discipline ?

" Cette visibilité médiatique donne évidemment beaucoup d’envie aux jeunes. Lorsque nos hockeyeurs sont devenus champions du monde, les clubs de la région tournaisienne ont clairement vu leur nombre d’affiliés augmenter. Alors oui, cette Coupe du monde de handball organisée en ce mois de janvier nous offre la possibilité de communiquer fortement vers l’extérieur pour tenter d’attirer de nouveaux membres. "

À Tournai, vous vous battez depuis des années pour tenter de médiatiser le handball. Ce Mondial, c’est du pain béni pour vous, non ?

" Oui, c’est du pain béni même si rien ne dit qu’il y aura des retombées pour tous les clubs de Division 1 belge. Mais c’est évident qu’au niveau de la Ligue Francophone de Handball et de l’Union Royale Belge de Handball, l’occasion est belle de faire parler positivement de notre sport. Par exemple, la L.F.H. a décidé que toute nouvelle inscription en janvier serait gratuite ! "

Pendant cette Coupe du monde, le grand public a découvert combien le handball pouvait être athlétique. A Tournai, les supporters sont toujours présents en nombre… un petit chaudron !
Pendant cette Coupe du monde, le grand public a découvert combien le handball pouvait être athlétique. A Tournai, les supporters sont toujours présents en nombre… un petit chaudron ! © Ronald Degand

Les Wolves sur écran géant

Vous avez diffusé dans la cafétéria du Hall sportif de Tournai tous les matchs des Red Wolves à la Coupe du monde. Quelle fierté de pouvoir proposer ça à vos membres, ce que les clubs de football et de hockey font régulièrement depuis que les Diables Rouges et les Red Lions s’illustrent au niveau mondial !

" L’initiative a plu et l’ambiance était exceptionnelle lors de la victoire de la Belgique contre la Tunisie. Et même si ça a été un peu plus compliqué lors des autres rencontres, il est important pour nous, responsables et animateurs d’un club sportif, de permettre à nos jeunes d’accéder gratuitement à la retransmission de ce genre de matchs de haut niveau. "

Lors de la dernière victoire de la France à la Coupe du monde en 2017, des enfants sont venus s’inscrire parce qu’ils avaient été impressionnés par les Bleus. Pour eux, c’était féerique de regarder ça à la télévision !

Désormais, votre rêve n’est-il pas de voir des têtes blondes débarquer à l’Estudiantès en vous expliquant qu’ils veulent faire du hand parce qu’ils ont vu les meilleurs joueurs belges à la télé ?

" Je suis certain que ça va arriver ! Déjà, lors de la dernière victoire de la France à la Coupe du monde en 2017, des enfants sont venus s’inscrire parce qu’ils avaient été impressionnés par les Bleus. Pour eux, c’était tellement féerique de regarder ça à la télévision qu’ils voulaient absolument tester. "

L’équipe première de l’Estudiantès Tournai version 2022-2023 compte 80% de joueurs formés au club !
L’équipe première de l’Estudiantès Tournai version 2022-2023 compte 80% de joueurs formés au club ! © Ronald Degand

La France en exemple

On dit souvent qu’il faut battre le fer quand il est chaud. C’est donc le moment de faire le forcing pour recruter, non ?

" C’est capital oui. La Coupe du monde est un élément central mais il n’y a pas que ça. Nous devons aussi travailler le plus possible avec le monde scolaire. Grâce aux échevins tournaisiens de l’Enseignement et des Sports, nous avons mis en place un partenariat avec une école primaire communale où les élèves peuvent découvrir le handball en plus de leurs cours d’éducation physique classique. Il faut également organiser des stages et ne pas hésiter à s’intégrer dans les diverses actions sportives qui voient le jour dans la région. "

Les quatre Red Wolves qui font vraiment la différence évoluent tous dans le championnat français !

À la tête de l’équipe nationale belge, on retrouve un… Français, Yérime Sylla. À Tournai, vous êtes juste à la frontière franco-belge et vos entraîneurs principaux sont d’ailleurs français. Qu’est-ce que Sylla apporte de si spécifique aux Red Wolves ?

" Beaucoup de technicité ! Le niveau tactique des Français est exceptionnel, le positionnement dans le jeu, l’assise défensive… Regardez bien la façon de jouer de notre équipe nationale et vous détecterez immédiatement la patte et l’expérience de monsieur Sylla. Et ce niveau tactique-là qui nous a permis de nous qualifier pour le Mondial et d’y livrer de beaux matchs. Ce n’est pas un hasard ! "

Autant les footballeurs belges ont un peu de mal ces dernières années à regarder jouer leurs rivaux français, autant les handballeurs belges apprécient sincèrement observer leurs voisins d’outre-Quiévrain !

" Bien entendu. Et puis, les quatre Red Wolves qui font vraiment la différence évoluent tous dans le championnat français ! "

Un dernier mot sur votre club, l’Estudiantès Tournai, qui jouent en Division 1, l’antichambre de la BENE-League avec laquelle vous avez flirté plusieurs fois sans jamais y accéder.

" J’ai repris la présidence il y a trois ans, juste avant la pandémie de Covid. Les comptes étaient dans le rouge (NDLR : des pertes estimées à 80.000 euros). Mais je ne considère pas que mes prédécesseurs ont fait des erreurs. En fait, à l’époque, la maturité sportive a pris le pas sur la maturité financière. Le club était pris dans une spirale de succès, un magnifique engrenage positif mais il n’était pas en mesure de répondre financièrement aux coûts de la structure et aux défraiements des joueurs. Ce cap-là était trop grand à franchir. Pouvoir regarder dans le miroir cette période exceptionnelle doit nous apporter l’énergie nécessaire pour tenter de revivre ces émotions. Nous sommes en train d’achever un premier cycle sportif étalé sur trois années. Nous n’avons plus avec le même train de vie qu’il y a dix ans. L’Estu se veut sage et tient à s’appuyer sur ses jeunes, qui composent 80% de son équipe première. Notre but est d’enfin accéder, avec eux et avec inévitablement quelques renforts extérieurs pour les postes clés, à cette fameuse BENE-League avant 2028. "

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