Baisse des ventes, chefs qui veulent rendre leurs étoiles, critiques acerbes contre la nouvelle direction, le guide Michelin vit une période difficile, au point que certains annoncent sa mort dans les années qui viennent.
La révolte des chefs
Michel Bras, Marc Veyrat en France, Karen Keygnaert en Belgique, des chefs étoilés refusent de paraître dans le guide pour diverses raisons : "J’étais au bout d’un burn-out, ce n’était plus avec joie que j’allais travailler, nous explique Karen qui fut la seule femme cheffe étoilée en Flandre. J’étais devenue esclave de mon restaurant". Aujourd’hui elle a ouvert une cantine avec des amis à Bruges : "J’aime manger de façon conviviale, or ce n’était pas le cas dans son restaurant étoilé. Dans un étoilé, le silence est sacral pour ne pas dire mortifère. Je ne le sentais plus."
Marc Veyrat est une institution, il a formé sept chefs triplement étoilés et pourtant, Michelin lui a enlevé une étoile. De trois à deux. C’est le seul chef qui a attaqué en justice le guide.
"Comment peut-on avoir 20/20 au 'Gault et Millau', être incontournable dans les autres guides ? Je ne comprends pas : je suis offensé, terrassé par ces gens-là. J’ai fait une dépression qui a duré 8 mois, j’ai de la chance que ma femme était à mes côtés sinon j’aurais commis l’irréparable."
Ils ne se rendent pas compte de ce qu’ils infligent au cuisinier, ils n’ont pas le droit de créer cette hiérarchie.
Son action pour obtenir un euro symbolique de réparation a pour l’instant échoué, mais le chef savoyard ne compte pas en rester là, et en profite pour flinguer les enquêteurs du guide.