C’est l’histoire de copains qui, sur les bancs de l’école, rêvaient de construire le monde autrement. Absorbés par le mouvement New Wave, ils décident de monter un groupe et de répéter dans leur garage. "Sex, drugs and rock’n’roll": Fredo, Pierre et Marco ont vécu une jeunesse faite de répets, de concerts, de sorties, d’amour et d’amitiés. Nous sommes dans les années 80.
Le début des carrières professionnelles sonne la fin des répets et du rêve de vivre de leur musique. Hotel du Globe se sépare, Fredo et Pierre rangent leurs guitares au garage. Marco de Meersman, le batteur, poursuit son chemin dans la musique et devient le premier batteur de Vaya con Dios, puis d’Isabelle Antena et aussi des Domino’s.
2020, la pandémie frappe à nos portes. On se retrouve tous enfermés chez nous avec beaucoup de temps devant nous. Au garage, les guitares sont toujours là, comme si c’était hier. Les vieux rêvent refont surface, Hotel du Globe se reforme.
Le groupe vient de sortir un premier morceau intitulé "Eyes of the shadow". Dès la première écoute, on a aimé les sonorités eighties du morceau. On a été un peu surpris de découvrir que derrière ce titre résolument très 'english', se cachait un groupe belge ! On a voulu en savoir plus sur Hotel du globe et on a en profité pour discuter par écrans interposés avec Pierre Melchior, l’un des membres fondateurs du groupe.
RTBF CULTURE : Hello Pierre, pourquoi avoir reformé votre groupe, après 30 ans de pause ?
Pierre Melchior : "En 87 avec le début de nos carrières professionnelles c'était devenu compliqué pour certains, dont moi, de continuer à s’investir dans un groupe. Pour ma part j’ai mis toutes mes forces et mon temps dans ma carrière marketing, puis dans la gestion de mon entreprise et de ma vie de famille.
3 décades plus tard, on s’est tous retrouvés dans cette période incroyable des confinements dû au Covid et on a tous été obligés de tirer la prise, de prendre du recul sur nos vies. Voir ce qu’on avait vraiment envie de faire ou de ne plus faire… Je crois qu’on ne se rend pas encore vraiment compte de l’impact de cet arrêt et de ses conséquences sur la vie des gens.
Paradoxalement, le fait tout à coup de disposer d’autant de temps devant soi, nous a été bénéfique. Fredo a demandé au talentueux Geoffrey Lesire (Springclean) de réactualiser Eyes of the shadow et d’y poser sa guitare. Il a retrouvé Marco et puis tout s’est enchaîné."
Quelles émotions avez-vous ressenties lors de cette reformation, 3 décennies plus tard ?
PM :" Lorsque j’ai ouvert la porte du studio d’enregistrement, Marco était assis derrière sa batterie exactement comme je l’avais quitté 30 ans auparavant. Je ne suis pas sûr qu’on se serait reconnus mutuellement si l’on s’était croisés par hasard mais dès qu’il a joué j’ai retrouvé exactement sa même moue qu’il pouvait faire lorsqu’il jouait à l’époque."
Pourquoi avoir choisi le nom "Hotel du Goble"? Qu’est-ce que cela représente ?
PM : "On chante en anglais mais un nom français permet d’être sincère sur nos origines, notre culture. Dans le concept d’un Hôtel, on accueille des gens avec bienveillance en leur donnant le meilleur de ce dont on est capable. Pour nous c’est notre musique que l’on souhaite partager avec le plus grand nombre en les accueillant dans notre univers, dans notre hôtel.
Et puis le Globe c’était assez précurseur car entretemps c’est devenu une évidence. Le monde est un village, nos villes sont devenues encore plus cosmopolites, nous sommes tous interconnectés et le salut de la planète viendra uniquement d’une décision collective."
Vous venez de sortir le titre "Eyes of the shadow" pour annoncer votre retour. Est-ce une nouvelle composition ou un morceau d’époque que vous avez réarrangé ?
PM : "On est proche de ce qui existait à l’époque sur la structure, les sons, Jo (Geoffrey) qui a beaucoup de talent l’a rendu plus carré, il y a ajouté un riff de guitare un peu hypnotique et des chœurs qui apportent beaucoup. A l’époque les autres membres du groupe ne voulaient pas chanter les chœurs. Fredo a amélioré sa ligne de basse et Marco a fait quelque chose de plus pêchu. J’ai ajouté un couplet et un refrain aux paroles de l’époque, un peu comme une suite de l’histoire.
Le premier couplet que j’ai écrit à 20 ans était un éveil à la Vie avec sa lumière, la recherche de l’amour absolu, ce qui a de plus beau quoi.
Le deuxième couplet écrit à 58 ans, c’est plus sur le temps qui commence à compter et la nuit qui apparaît doucement au loin. Le thème de la mort m’a toujours hanté. L’obscurité, on essaye de ne pas y penser, mais c’est ce qu’il y a au bout….près de la sortie… pour nous tous. L’ombre a ceci de magique c’est qu’elle n’existe que s’il y a de la lumière, elle est un peu ce chaînon manquant entre la lumière et les ténèbres, cela lui donne une fragilité qui fait qu’elle est comme une petite flamme timide, entretenue par le soleil ou par la lune."
Quelques fois les yeux ne sont pas capables de voir ce que le cœur peut percevoir.