On vous emmène à présent en voyage, mais un voyage pas comme les autres. Un voyage dans l’horreur du génocide rwandais, mais aussi l’insouciance et un beau final. C’est "Le grand voyage d’Alice", la première bande dessinée du verviétois Gaspard Talmasse. Une BD déjà récompensée du prix Médecins sans frontière.
1994. La guerre fait rage au Rwanda. Le peuple Tutsi est massacré. Partout, ils fuient, quand ils le peuvent. Parmi eux, Alice, 5 ans. Elle prend le chemin de l’exil vers ce qui s’appelait encore le Zaïre, l’actuel Congo. Le grand voyage d’Alice, c’est le sien, avec un récit qui adopte le point de vue de l’enfant qu’elle était.
"Ce qui est paradoxal avec le point de vue de l’enfant qui a 5 ans, et donc d’Alice à l’époque, c’est qu’elle n’a pas cette inquiétude qu’ont les adultes de savoir ce qui vient après, comment on va subvenir à ses besoins, est-ce qu’on va être tué, etc. Dès qu’elle retrouve les besoins fondamentaux comme la nourriture ou l’eau, elle revit tout de suite. Mais au départ, elle ne comprend pas le contexte", précise Gaspard Talmasse.
"Une histoire vraie"
"Le grand voyage d’Alice" est dû à une rencontre qui donnera un beau final. "C’est une histoire vraie, celle d’Alice, que j’ai rencontrée en Belgique et qui m’a raconté son histoire par bribes. Et puis j’ai trouvé ça tellement fort que je lui ai demandé si je pouvais en faire une BD, et elle m’a dit oui tout de suite. Et il se trouve qu’Alice, aujourd’hui, est devenue mon épouse", se réjouit-il.
Alice a pu retrouver ses parents, des années plus tard. "Pour moi c’est très important que ça soit raconté. C’est l’histoire de beaucoup de personnes, de beaucoup de réfugiés qui ont fui la guerre au Rwanda. Le but c’est de ne pas oublier et surtout de penser aux enfants qui n’ont jamais retrouvé leur famille. Même les enfants qui sont morts, ils ont existé, donc c’est comme si je rendais hommage", détaille la jeune femme.
"Le grand voyage d’Alice" se raconte en 144 pages aux éditions La boîte à bulles.