Des policiers qui bloquent les rues, plusieurs dizaines de milliers de manifestants contre la pression de la crise sanitaire, un personnel soignant prêt à se croiser les bras contre l’obligation vaccinale, des aide-ménagères en grève comme le personnel de grandes enseignes de la distribution, des manifestations en front commun et arrêts de travail d’ores et déjà programmés, etc.
Le pays est au bord de la crise des nerfs, face à un gouvernement fédéral qui perd quelque peu les siens !
Crise politique
Le gouvernement fédéral s’est ainsi offert une crise interne dont la politique belge a le secret. Un accord au forceps, dénoncé le lendemain par le principal partenaire, débouchant in fine sur un nouveau compromis (obtenu à l’issue d’un énième psychodrame-marathon) qui ne change pas grand-chose au précédent mais qui permet à chacun de sauver la face.
Le tout sur une question cruciale pour laquelle les principaux intéressés (le personnel soignant) n’ont pas été consultés ! Sur le dossier de la vaccination obligatoire, la majorité fédérale a coché toutes les cases de la gestion à la petite semaine.
Il y a tout d’abord un manque élémentaire de pédagogie vécu une stigmatisation insultante. Si bien entendu, le personnel de santé joue un rôle-clé dans la vaccination, qu’il semble évident qu’un soignant doit être vacciné, pourquoi comme ça ? pourquoi maintenant ? Aucune réelle concertation avec les représentants du secteur n’a eu lieu et la décision semble bien plus prise par un exécutif dépassé par les évènements que par une réelle réflexion sanitaire. Conséquence : le politique perd l’adhésion d’un élément essentiel de la lutte contre la pandémie.
Des promesses non-tenues
C’était l’engagement politique à l’amorce de l’été : la large vaccination (plus de 75%) signifierait la fin des restrictions, l’abandon du masque, du pass sanitaire, etc. Tous les chefs de gouvernement du Comité de Concertation l’ont dit. A l’automne, il faut vient ranger tout cela aux vœux pieux : le taux de vaccination est pourtant atteint. Début octobre, cela avait même permis au ministre-président flamand de lever pratiquement toutes les contraintes dans une des régions les plus vaccinées d’Europe, de faire la morale aux Francophones et de s’ériger en exemple. Un mois plus tard, les urgences de Flandre Occidentales sont les plus encombrées du pays et les petits Flamands de 10-12 ans sont les seuls du pays à porter un masque en classe. On se retrouve ainsi à Bruxelles, avec des enfants confrontés à des contraintes sanitaires différentes suivant qu’ils fréquentent une école francophone ou néerlandophone !
Ce contexte général explique pour partie, la montée des colères. Entre incompréhension, rejet et découragement. De plus, on assiste à une flambée des tensions entre catégorie de citoyens, entre vaccinés et non-vaccinés ou entre groupes de population.
Dès lors, la défiance à l’égard du politique ne peut que s’amplifier. Chacun estime qu’il n’est pas entendu. Dans les prochaines semaines, la rue va parler. Avec quelques risques et périls.