Dans certains domaines, la langue peut évoluer assez vite. Pour Anne-Catherine Simon, professeure de linguistique française à l’UCLouvain, "c’est le cas du lexique, du nombre de mots qui apparaissent chaque année, ou bien du sens de certains mots qui évolue". Parmi les mots apparus récemment, Anne-Catherine Simon cite l’adjectif "malaisant", les verbes "divulgâcher" ou "chiller".
"Tout ce qui concerne l’internet et les nouvelles technologies, poursuit-elle, ça produit sans cesse de nouveaux mots. Parfois c’est d’abord une marque, comme Instagram, mais ensuite on en fait un adjectif comme "instagrammable" ou un verbe comme "instagrammer".
La crise sanitaire a elle aussi fait évoluer la langue. Elle a amené de nouveaux mots tels que "Covid", et elle a modifié le sens de certains mots. "Confinement" par exemple, poursuit la linguiste, ça existait, mais ça n’avait pas du tout le sens que ça a pris pendant la crise, et cela n’avait pas non plus l’ampleur de la diffusion. Autre exemple : le mot "distanciation" dans "distanciation sociale", c’est aussi le sens qui évolue en fonction des réalités sociales désignées par ces mots".
Parmi les expressions qui se répandent dans le langage parlé, citons "de base", "en vrai", ou bien "du coup", tantôt pour marquer une relation de temps, tantôt pour exprimer une conséquence (en lieu et place de "donc"). Parfois ces expressions disparaissent, parfois elles restent ancrées dans le langage. Elles aident à enchaîner les énoncés, elles amènent une certaine fluidité et une forme de cohésion dans le discours.
Aujourd’hui beaucoup de noms de professions se féminisent, et entrent dans les dictionnaires. "Ainsi, par exemple, si l’on prend le mot "auteur", explique Anne-Catherine Simon, il existe deux formes féminines. Il y a "auteure" et le "e" marque le féminin et ne s’entend pas dans la prononciation. Et ensuite, l’on trouve aussi le mot "autrice" qui est en fait un mot ancien déjà utilisé au 16e et au 17e siècle, qui a été un peu en perte de vitesse et que l’on a revitalisé aujourd’hui pour désigner les femmes qui écrivent".