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Le foot, Bolsonaro, Lula et la démocratie, l’année contrastée du Brésil

© Getty

Au Brésil, l’année 2022 a été une année charnière, avec la fin de l’extrême droite au pouvoir et le retour de la gauche, un troisième mandat pour Luiz Inacio Lula da Silva, dit Lula.

C’est aussi l’année où la démocratie a failli basculer, où la violence politique n’a jamais été aussi loin et où le pays s’est profondément divisé.

Une démocratie sans cesse remise en question

La démocratie brésilienne a été sans cesse remise en cause en 2022, par le chef de l’État, Jair Bolsonaro, qui considérait que le système de vote électronique que le pays utilise depuis plus de 30 ans, n’était subitement plus fiable du tout.

Il voulait revenir à un vote papier. Et quand le Congrès et la Cour suprême s’y opposaient, il menaçait de mettre ses supporters dans la rue ou pire d’envoyer les militaires ou encore de ne pas reconnaître le résultat des urnes. Il n’a d’ailleurs jamais félicité son adversaire, ni vraiment reconnu sa défaite. Il est parti deux jours avant la fin de son mandat pour ne pas devoir remettre l’écharpe présidentielle à Lula.

Donc il n’a respecté aucun des rites démocratiques et a d’autre part usé et abusé des fake news pendant cette campagne. C’est ainsi qu’il a obtenu un score tout à fait honorable, malgré un bilan désastreux et il laisse en effet un pays divisé, qui ne sera pas facile à gouverner pour son successeur.

La bonne nouvelle toutefois, est le fait que les institutions et la société civile brésilienne se sont énormément mobilisées pour soutenir justement la démocratie.

A chaque menace de Jair Bolsonaro, la société a répondu. La cour suprême ne s’est pas laissée intimider. La presse, très attaquée, a également toujours poursuivi son travail. Et comme le disait le nouveau président lors de son investiture ce premier janvier, c’est la démocratie qui est sortie renforcée de cette épreuve et c’est une très bonne chose, quand on oublie parfois qu’il faut toujours la défendre.

2022, l’année qui a dit au revoir au Roi Pelé et à la magie de la Seleçao

Le football si important dans ce pays a été aussi au centre de l’actualité 2022, en tonalité morose, avec la mort de Pelé et une performance très décevante de la Seleçao.

Le pays a été très choqué de constater que même ses anciens coéquipiers qui ont été champions du monde, grâce aux buts de Pelé, ne sont pas venus.

Les deux évènements ont été associés à l’occasion de l’enterrement de Pelé. Tout le monde a noté que les joueurs des équipes passées et présentes ne se sont pas déplacés pour lui rendre hommage.

Le pays a été très choqué de constater que, même ses anciens coéquipiers qui ont été champions du monde, grâce aux buts de Pelé, ne sont pas venus. De même, le sélectionneur actuel ne s’est pas déplacé.

Le peuple ne se reconnaît plus dans ses joueurs qui sont perçus comme des millionnaires européens, arrogants et distants.

Cela souligne une nouvelle fois un profond divorce qui existe aujourd’hui entre le public et sa Seleçao et qui a été très fort à la dernière coupe du monde. La plupart des joueurs sont partis très jeunes du Brésil et ont perdu contact avec leur pays natal. Ils sont extrêmement riches et le montrent, comme au Qatar, où ils sont allés dans un restaurant de luxe manger de la viande hors de prix recouverte de feuille d’or… Alors qu’au Brésil près de 30 millions de personnes souffrent de la faim.

Le peuple ne se reconnaît plus dans ses joueurs qui sont perçus comme des millionnaires européens, arrogants et distants. Et le fait qu’ils ne se soient pas déplacés pour Pelé, n’a rien arrangé. 2022 pourrait rester comme l’année du divorce entre Seleçao et public.

Brésil : nouveau mandat pour Lula (Déclic du 02/01/2023)

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