Si John Crombez visait très haut, c'est parce que les chiffres de la Commission européenne l'incitaient à le faire : selon eux, la Belgique perdrait de 20 à 30 milliards d'euros par an à cause de la fraude (fiscale et sociale confondue). Or les rentrées fiscales de la Belgique tournent autour des 110 milliards à l'année, ce qui fait tout de même un manque à gagner de 30%, fait remarquer John Crombez.
Des milliards d'euros par an
Voyons à présent les résultats. Pas évident car pendant des années, le gouvernement a négligé de fournir un rapport sur la question, disait la Cour des comptes l'an dernier. Et quand il l'a fait en 2013, ce rapport a été qualifié de "relativement indigent" par la Cour et n'a pas pu permettre un contrôle conséquent.
Il convient d'abord fixer un ordre de grandeur. Prenons les chiffres dont dispose à présent la Cour des Comptes pour 2014: la lutte contre la fraude fiscale a rapporté 1,385 milliard d'euros, soit 82 millions d'euros de plus qu'en 2013, mais un peu moins qu'en 2012.
Dans ce montant, on retrouve surtout des suppléments d'impôts, 1,050 milliard d'euros, c'est le redressement fiscal, et des sanctions qui représentent environ un tiers de l'impôt éludé, soit 334 millions.
John Crombez précise: c'est surtout la lutte contre la fraude fiscale qui rapporte, 6 fois plus que contre la fraude sociale. Par exemple, la fraude aux allocations de chômage, estimée à 33 millions par an est passée à 11 millions. Bien peu donc par rapport à la fraude fiscale.
Qui fraude le fisc? Surtout des personnes morales, avec par exemple la fraude à la TVA par de sociétés éphémères, mais aussi les personnes physiques à qui on réclamait 29,7 millions d'euros.
Ces chiffres de la Cour des comptes, impôt sur les personnes physiques, celui sur les sociétés, les rectifications, sont vérifiables, même si dans de nombreux cas, ils font l'objet de contestations qui peuvent mener à des rectifications parfois 5 ou 10 ans plus tard.
John Crombez précise que l'effet de certaines mesures est quasiment impossible à chiffrer car il rentre dans des résultats globaux. L'échange automatique d'informations avec les administrations fiscales à l'étranger et la fin de la vague des DLU (déclaration libératoire unique) en 2013 ont par exemple gonflé les recettes en modifiant durablement les comportements des Belges qui possédaient des avoirs mobilier à l'étranger. Mais impossible de dire dans quelle mesure.
Le professeur Michel Maus doit aussi constater qu'il y a toujours une différence entre les chiffres de l'imposition, tels que donnés par le fisc, et ce qui rentre réellement dans les caisses, ce que perçoit matériellement le receveur.
Peut mieux faire