Economie

Le flash crash des bourses européennes lundi matin : une erreur humaine à 300 milliards de conséquences

© AFP or licensors

Par Lavinia Rotili sur base du Marché matinal de Rachel Crivellaro

 C'est un vent de panique qui a soufflé lundi matin sur les Bourses européennes. En quelques minutes, le principal indice européen a dévissé de dix points avant de réduire ses pertes dans les salles de marché. Depuis, les conjectures se sont démultipliés.

En quelques minutes, ce lundi matin vers 10 heures, le Bel20 a dégringolé de plus de 5%, avant de se reprendre tout aussi rapidement. Ce jour-là, Franck Vranken, chef stratégie de la banque Rothschild, était dans la salle de marché. Il nous raconte : "On a vu que dans une fraction d'une minute, voire quelques secondes, le marché a baissé de l'ordre de 7 % pour la Suède et de l'ordre de 2.5 % pour les grands indices européens, avant de pouvoir se redresser. Et donc en fait, clairement, il y a eu une énorme baisse d'un moment à un autre qu'on ne pouvait pas expliquer. "

Que s'est-il passé alors ? Comment explique-t-on cet étrange trou d'air ? En fait, il s'est passé ce qu'on appelle un "flash crash" ou un "crash éclair" en jargon boursier. Dans une salle de marchés, un trader a fait une erreur de manipulation. Christophe Clezinsky, associé de B-Trader, una salle de marché pour traders indépendants, nous explique : "Concrètement, ce lundi matin, il y a eu un trader de la Citibank qui a fait une vente, mais qui apparemment s'est trompé dans la quantité de contrats à terme vendus, ce qui a évidemment provoqué un séisme sur les marchés. On parle de 300 milliards, ce qui est énorme parce qu'on est dans le cadre de contrats à terme. Ce sont des produits avec des effets de levier très, très importants."

Très banalement, cette erreur humaine peut être liée à une mauvaise manipulation : les traders disposent de raccourcis qui permettent d'entrer des chiffres en appuyant sur un seul bouton. Par exemple, il peuvent entrer trois "0" en appuyant sur un bouton. En un clic, ils peuvent alors vendre 10.000 contrats au lieu de dix...avec, à la clé, une boulette aux conséquences colossales pour certains acteurs.

Imaginez qu'à un certain moment, le flash crash de ce lundi a détruit 300 milliards d'euros de valeurs boursière. Les perdants du flash crash ne seront même pas indemnisés. 

Autant dire que le trader à l'origine de l'erreur ne doit pas être très à l'aise...Selon Christophe Clezinsky, il va même devoir changer de métier. 

"Quand on fait ce genre de travail, il faut être très très concentré. Ce genre d'erreur ne devrait absolument pas arriver parce qu'il y a quand même des conséquences… Il s'est trompé d'un zéro ou de deux zéros, mais ça a des conséquences énormes, estime-t-il. Donc j'imagine qu’il ne va pas rester très longtemps trader. Ce n’est même pas une erreur de jugement par rapport à l'investissement. On ne parle pas d'un Jérôme Kerviel qui a fait une perte de 5 milliards. Ici, on parle vraiment d'une erreur de manipulation, donc c'est encore pire."

Quant au patron de la Citibank, lui aussi risque d'avoir des soucis à se faire, "parce qu’il n’est pas improbable que le bénéfice pour une année soit complètement effacé par ce genre d'erreurs et parfois même plus graves. Donc pour l'instant, en effet, Citigroup a quelques problèmes avec sa renommée.", analyse Franck Vranken. 

Le flash crash de 2010

Ce genre d'erreur peut arriver. Pourtant, tous les flash crash ne sont pas dus à une erreur humaine. "Celui qui a le plus impacté les bourses, ça a été le flash crash de 2010 qui s'est passé au niveau des marchés américains, rappelle Christophe Clezinsky. Et là, vous avez le (SMPI) qui a perdu 10 % en 4 minutes. C'était aussi une période de volatilité assez importante avec les problèmes de remboursement de la dette grecque, il y a eu des fausses rumeurs et les marchés ont perdu 10 %. Mais ça, ce n’était pas une erreur, c'était plus des rumeurs. Et voilà, par rapport au remboursement de la dette grecque." 

Voilà que ce genre d'accident n'arrive pas souvent, mais, quand il arrive, il n'est pas sans conséquences. 

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