Un monstre du Loch Ness! La réforme de la sécurité civile est enfin en voie d'aboutir. Elle avait été lancée en 2007, mais ce n'est que sous cette législature que cette réorganisation des services d'incendie a véritablement progressé. Non sans mal, d'ailleurs. Les nombreuses et parfois très spectaculaires manifestations de pompiers l'ont montré. Mais, vendredi midi, à l'issue du Conseil des Ministres, Joëlle Milquet, la ministre de l'Intérieur, a présenté les derniers arrêtés royaux qui vont permettre de la mettre en oeuvre.
Au total, le montant des dotations fédérales et des aides indirectes passera de 55 millions d'euros à 174 millions d'euros en 2018. Il intègre l'aide au recrutement et à l'investissement, l'harmonisation barémique, l'aménagement des fins de carrière ainsi que les subsides en formation et matériel. Une attention spécifique est portée à Bruxelles alors que la Région, s'estimant lésée, a attaqué le fédéral en justice. Le montant de la dotation fédérale destinée au Service d'incendie et d'aide médicale urgente de la Région de Bruxelles-Capitale sera fixé avant Pâques, a indiqué Joëlle Milquet. "Ce n'était qu'une faculté et nous l'avons décidé également", a encore commenté la ministre.
Le Conseil des ministres avait déjà approuvé le statut des pompiers, qui avec le financement des zones, constituent la clé de voûte de la réforme de la sécurité civile.
Doulkeridis entend rester vigilant
Le secrétaire d'Etat bruxellois en charge du Service de l'Incendie et de l'Aide médicale urgente, Christos Doulkeridis (Ecolo) juge positif le changement de cap opéré sur le plan du principe pour intégrer Bruxelles dans le dispositif fédéral de financement des zones de secours, mais il entend rester vigilant, faute de montant annoncé au stade actuel, a-t-il indiqué vendredi.
Selon lui, le recours en justice qu'il a introduit pour obtenir "ni plus ni moins" qu'un juste financement pour le service d'incendie de la capitale reste d'actualité pour le moment. "J'ai pris connaissance de la communication du gouvernement fédéral qui a décidé de changer de point de vue, en prévoyant désormais un financement spécifique de Bruxelles comme des autres zones de secours. L'annonce semble positive mais je dois rester vigilant puisqu'il a reporté à plus tard la fixation d'un montant", a commenté Christos Doulkeridis. Le secrétaire d'Etat a précisé qu'il demandait un montant basé sur une clé tenant compte soit de la population concernée, soit du nombre d'interventions nombreuses dans la capitale dont les pompiers interviennent aussi pour les navetteurs, et en dehors de la ville. Pour le moment, il n'est pas question de retrait du recours en justice. "Mais cette démarche ne constitue pas une fin en soi. Si nous obtenons un juste financement, il n'y aura plus de raison de le maintenir, a-t-il conclu.
A la fin du mois de février, le secrétaire d'Etat avait annoncé être contraint de citer l'Etat fédéral devant le Tribunal de première instance de Bruxelles pour le condamner à verser les montants auxquels Bruxelles peut selon lui légitimement prétendre au même titre que les autres zones. Les dommages et intérêts réclamés s'élèvent à plus de 7,8 millions d'euros. Christos Doulkeridis avait alors estimé à 1,5 million de personnes la part de population susceptible de bénéficier à un moment ou à un autre de la protection des hommes du feu de la Région-capitale.
RTBF avec Belga