"Titane Palme d’or."
Ces mots qu’on n’attendait pas sont pourtant arrivés – et pas comme on aurait pensé. A cause d’une gaffe de Spike Lee, dès les premiers instants le chaos s’est invité dans la cérémonie : quand Doria Tillier lui a demandé d’annoncer "le premier prix" de la soirée, celui-ci s’est levé et a commencé par… le dernier. Quand ils ont compris l’erreur, les membres du jury ont immédiatement réagi – mais certaines oreilles avaient déjà compris.
Il a fallu attendre ensuite, pendant l’heure qui a suivi, voir le cœur battant défiler les autres prix, pensant à l’équipe du film en train de trépigner, jusqu’à cette conclusion à la fois attendue et inespérée. La conclusion idéale pour une cérémonie "parfaite parce qu’imparfaite, pleine de vie" pour reprendre les mots de Julia Ducournau sur scène, qui même en recevant la Palme a concédé que son film, lui non plus, "n’est pas parfait" – un discours loin des doigts d’honneur de Tarantino (‘Pulp Fiction’, Palme d’Or 1994) et autres discours à la ‘moi non plus je ne vous aime pas’, façon Maurice Pialat (‘Sous le soleil de Satan’, Palme d’Or 1987).
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"Plus de diversité"
"Mais maintenant que je suis devenue adulte et réalisatrice, je me rends compte que la perfection est une impasse", a poursuivi la cinéaste, répondant à ceux qui avaient qualifié son film de ‘monstrueux’ : "La monstruosité, qui fait peur à certains, et qui traverse mon travail, c’est une arme. Une force, pour repousser les murs de la normativité qui nous enferme et nous sépare. Il y a tant de beauté, d’émotion et de liberté à trouver dans ce qu’on ne peut pas mettre dans une case, et dans ce qui reste à découvrir de nous. Donc merci au jury de reconnaitre, avec ce prix, le besoin avide et viscéral qu’on a d’un monde plus inclusif et fluide. Merci d’appeler à plus de diversité dans nos expériences, au cinéma et dans nos vies. Merci au jury de laisser entrer les monstres."
"Titane Palme d’Or".
Tout est dit, tout est là. Cette Palme, c’est une victoire pour le cinéma, et pour le cinéma de genre ; c’est une victoire pour l’histoire, et pour l’histoire du cinéma ; c’est une victoire pour les femmes, les filles, et toutes les personnes qui refusent la normativité. Et une victoire pour la Belgique aussi, qui a coproduit.