Découvrir ou redécouvrir le Familistère de Guise, une bonne idée en ce début d’année. D’abord parce que Guise est à deux pas de la frontière belge (en Thiérache, près de la Botte du Hainaut) et ensuite parce que ce Familistère construit à partir de 1859 reste moderne et inspirant.
Pour décrire le lieu, on peut commencer par l’étymologie : un familistère, c’est littéralement une habitation pour les familles. Mais en ayant dit ça, on est loin d’avoir décrit l’ensemble des bâtiments imaginés par Jean-Baptiste André Godin. Amélie Godebert, directrice de la Régie du Familistère connaît dans les moindres détails la vie de l’homme dont le fantôme rôde ici partout. "Parler de Godin ? Mais par quoi commencer ? C’est l’homme aux mille idées, aux mille brevets".
Pour faire bref, disons que Monsieur Godin, c’est le personnage qui a tout construit ici. D’abord l’utopie. Depuis sa jeunesse et sa prise de conscience des conditions de vie des ouvriers de son époque, Jean-Baptiste Godin n’a jamais cessé de réfléchir à un modèle de société dans lequel l’ouvrier occuperait une place centrale.
Mais Godin, c’est aussi un génial inventeur. Peu scolarisé, issu d’un milieu modeste, c’est un parfait autodidacte. Inspiré par les propriétés de la fonte, il a l’idée géniale de fabriquer de poêles cuisinières avec ce matériau. Le succès est rapide, il permet au jeune patron de constituer une fortune et de se lancer dans la concrétisation de son utopie. D’abord séduit par les idées de Charles Fourier, Godin va engloutir une partie de sa fortune dans un projet de phalanstère au Texas. Cette aventure se transforme en échec cuisant mais ne décourage pas Godin. Il décide d’imaginer son propre modèle sociétal et de le réaliser dans sa région, en Thiérache d’origine.