Environnement

Le dernier rapport du GIEC : sans action politique, le pire est à venir

Nouveau rapport des experts du GIEC

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Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) des Nations unies a publié la synthèse des constats scientifiques, techniques et socio-économiques liés au changement climatique. Synthèse de son sixième cycle d’évaluation (AR6), lancé en 2015, année de l’adoption du traité international appelé "Accord de Paris". (Cet article est republié dans le cadre du Jour de la Terre ce 22 avril.)

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De plus en plus chaud, de plus en plus vite

L’un des points les plus interpellants du rapport est directement visible, palpable : il concerne les conséquences directes du réchauffement climatique sur notre quotidien. En synthèse, le Giec démontre que les symptômes de la fièvre de la planète tels que les incendies, les inondations, les pics de chaleur sont en réalité… Plus graves que ce qui avait été estimé dans le rapport de 2014. La situation est donc pire que ce que l’on craignait.

Il faut ajouter à cela qu’il faudra s’habituer aux chaleurs accablantes : les températures que l’on connaît lors des années les plus chaudes de notre époque deviendront la norme pour les années les plus fraîches pour la prochaine génération d’humains.

Des constats qui inquiètent Hoesung Lee, le président du Giec. En introduction de la synthèse du dernier cycle d’évaluation, il écrit ceci : "En 2018, le Giec a souligné l’ampleur sans précédent du défi à relever pour maintenir le réchauffement à 1,5 °C. Cinq ans plus tard, ce défi est devenu encore plus grand […] Le rythme et l’ampleur de ce qui a été fait jusqu’à présent, et les plans actuels sont insuffisants pour lutter contre le changement climatique."

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Le point de basculement

Des mots qui pèsent lourd, à l’heure où l’une des conclusions principales du dernier cycle d’évaluation est sans appel : il reste moins de 7 ans pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de 43%, et espérer ainsi respecter une réduction de 60% d’ici à 2035.

Si l’humanité n’y parvient pas, elle atteindra le point de basculement irréversible beaucoup plus tôt qu’anticipé. Le temps presse et il y a du pain sur la planche, comme on le comprend dans les trois gros rapports spéciaux du Giec, qui présentent les conséquences d’un réchauffement planétaire d’1,5° sur une période qui démarre juste avant la période industrielle (entre 1850 et 1900) et qui devait aller jusqu’à la fin de ce siècle.

Et c’est notamment sur ce dernier point que la panique se fait sentir : le climat est déjà plus chaud d’1,1° par rapport à 1900, et tout s’emballe. La température moyenne de la planète monte de plus en plus, et de plus en plus vite. Au point que les scientifiques estiment désormais que l’humanité atteindra le fameux +1,5° qui fera tout basculer… Avant 2035. Soit 65 années plus tôt que ce qu’on espérait encore avant l’Accord de Paris.

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L’Europe a déjà atteint +2 degrés

Dans Le Focus de Matin Première, François Heureux interrogeait ce matin Cathy Clerbaux sur la question. Elle fait partie du Service de Spectroscopie Chimie Quantique de la Faculté des Sciences de l’ULB, et est spécialisée dans les questions qui concernent le réchauffement climatique, les gaz à effets de serre, l’observation des variables climatiques et les prévisions des températures dans le futur.

Le focus : Cathy CLERBAUX

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"Quand on dit actuellement qu’on a déjà augmenté la température de 1,1°, c’est moyenné sur toute la Terre. Ça implique aussi que les augmentations sont plus importantes à certains endroits du globe, explique-t-elle.

Par exemple, les terres se réchauffent plus vite que les mers, l’Europe atteint déjà plus de 2°. Si vous allez encore plus loin vers l’hémisphère Nord, on atteint déjà les 3°, comme dans la région Arctique. Il faut absolument stopper les émissions de gaz à effet de serre pour essayer de limiter l’augmentation de températures le plus rapidement possible."

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Il est grand temps de réveiller les politiques !

L’Accord de Paris, fierté des décideurs de la COP21 en 2015, établissait, sur base du rapport du Giec, une trajectoire à respecter pour rester sous le cap du degré et demi de réchauffement. Et force est de constater que, plus de 7 années après, cette trajectoire n’est pas respectée par nos décideurs politiques.

C’est donc essentiellement à eux que s’adresse le président du Giec aujourd’hui: "Nous avons le savoir-faire, la technologie, les outils, les ressources financières et tout ce dont on a besoin pour surmonter les problèmes climatiques que nous avons identifiés. […] Ce qui manque aujourd’hui, c’est une volonté politique forte, afin de les résoudre une fois pour toutes."

La conclusion principale du rapport est celle-ci : les signataires de l’Accord de Paris ne respectent pas leurs engagements et chaque petit dixième de degré compte. C’est-à-dire que les efforts qui sont mis en œuvre dans certains pays commencent à porter leurs fruits, mais ils ne sont pas suffisants - Cathy Clerbaux, ULB

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat ajoute d’ailleurs que si les décideurs du monde continuent sur la trajectoire actuelle, on atteindrait les +3° avant la fin du siècle.

Cathy Clerbaux s’exprime aussi sur ce point : "La conclusion principale du rapport qui sort aujourd’hui est celle-ci : les signataires de l’Accord de Paris ne respectent pas leurs engagements et chaque petit dixième de degré compte. C’est-à-dire que les efforts qui sont mis en œuvre dans certains pays commencent à porter leurs fruits, mais ils ne sont pas suffisants."

Pourtant, limiter la fièvre de notre planète est un investissement forcément gagnant. Dans le rapport, les scientifiques ont fait les comptes : les bénéfices d’une limitation du réchauffement à 2° seront plus importants que les coûts que cela causerait à l’humanité de s’assurer un futur vivable après le fameux point de basculement.

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