Belgique

Le dépôt de Ninove bloqué ce mardi soir, la grève chez Delhaize inquiète les magasins franchisés qui ne peuvent plus s’approvisionner

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Depuis l’annonce par la direction du groupe alimentaire Delhaize de franchiser ses 128 magasins intégrés, la grogne monte parmi les syndicats, qui exigent le maintien des magasins intégrés. La grève, depuis quinze jours, du personnel des magasins intégrés touche depuis hier les dépôts d’approvisionnement et, par ricochet, elle commence à impacter les magasins franchisés.

Ce mardi soir, des piquets de grève sont en place devant le centre de distribution de boissons à Ninove. "En bloquant ce dépôt, on touche une autre part importante de la distribution de Delhaize", commente une source syndicale. Le bâtiment est bloqué de l’extérieur et le piquet ne laisse pas entrer les travailleurs. Selon cette source, le centre de Ninove est un gros dépôt, au même titre que celui de Zellik, regroupant des boissons et des produits secs.

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Les magasins franchisés pris en otage par la grève

Jusqu’à présent, les magasins intégrés sont les seuls fermés depuis quinze jours. Les magasins franchisés ont, en grande partie, récupéré la clientèle des magasins en grève. Mais la donne change depuis qu’un piquet de grève bloque l’accès au dépôt général de Zellik.

Nous avons contacté plusieurs gérants de magasins franchisés et la situation, selon eux, devient ‘inquiétante’. Denis est gérant d’un magasin franchisé de la région namuroise. Il nous confie : " Nous avons les mêmes dépôts pour les magasins affiliés et franchisés. Nous sommes livrés tous les jours en frais, selon la demande que nous faisons la veille. Deux à trois fois par semaine, nous recevons les marchandises d’épicerie et les surgelés. Pour l’instant, nous ne manquons de rien mais si ça dure deux ou trois jours de plus, nous allons manquer de tout : en frais, en épicerie, en surgelé. Sauf en boucherie car nous travaillons avec un boucher indépendant local. "

 

Beaucoup de ces franchisés ne le cachent pas, ils ne veulent pas l’exprimer face caméra, mais ils se sentent pris en otage dans un conflit qui ne les concerne pas directement. Tout en n’étant pas partie prenante de ce conflit, ils sont donc pénalisés.

Des situations variables d’un magasin à l’autre mais tous sont victimes d’une même pression.

 

Les situations varient d’un magasin à l’autre car les stocks et les situations ne sont pas identiques. David, c’est un nom d’emprunt, est gérant d’un magasin franchisé de Bruxelles. Il nous affirme : " Certains fruits et légumes viennent à manquer mais c’est surtout au niveau crémerie et boulangerie que nous avons un problème. Pour l’instant, nous récupérons la clientèle des magasins fermés mais nos stocks sont mis sous pression. Ça risque de devenir problématique à l’avenir si les dépôts restent fermés. "

 

Alexis gère un magasin franchisé dans la région de Liège. Lui aussi commence à paniquer : " Ces dernières semaines, nous parvenions à nous organiser au niveau de nos produits frais mais depuis le blocage du dépôt de Zellik, nous avons un problème car nous n’avons pas reçu notre camion alimentaire. Nous verrons comment la situation évolue. Le problème se pose avec les salades préemballées, les plats traiteurs et les produits de crémeries qui viennent à manquer. Heureusement nous avons fait du stock pour les produits secs. Nous avons anticipé mais nous ne pourrons pas tenir des semaines. "

Ce Delhaize franchisé n’a pas de problème de boulangerie parce qu’il travaille avec un boulanger local mais pour le reste, son gérant guette le moment où il ne pourra plus approvisionner ses rayons.

Ils peuvent se fournir ailleurs mais ils n’en ont pas les moyens

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Tous ces gérants le concèdent, ils peuvent se fournir ailleurs mais ils n’ont pas les reins assez solides pour le faire à long terme. L’un d’entre eux nous explique la mécanique de marché dont ils sont tributaires : " Nous pouvons nous faire livrer en direct par Danone ou des fournisseurs locaux. Mais, nous allons simplement devoir payer plus cher. Ce n’est pas notre intérêt financier. En négociant directement le chocolat Nutella avec Ferrero, nous payons beaucoup plus qu’en passant par la centrale d’achat Delhaize. La situation n’est pas simple pour nous. "

Beaucoup nous l’annoncent en coulisse, ils ne pèsent pour rien dans la situation. Désormais, ils ont l’obligation de tenir et ce seront ceux qui auront les reins les plus solides qui survivront.

Quant à imaginer racheter les magasins intégrés si certains y pensent, ils sont vite découragés. Les magasins intégrés ont beau avoir des localisations très enviables, les franchisés estiment ne pas avoir les reins assez solides la plupart du temps pour pouvoir les racheter.

Sur le même sujet : extrait du JT du 21/03/2023

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