Belgique

Le décision sur le nucléaire fera des dégâts politiques

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Par Bertand Henne

Cette semaine, le gouvernement fédéral doit décider si la Belgique sort totalement du nucléaire en 2025. La ministre de l’Énergie Tinne Van der Straeten va présenter son très attendu rapport d’évaluation.

Quoi qu’il arrive, le Gouvernement ne sortira pas indemne de ce débat très polarisé. Comme vous l’aurez remarqué, entre partenaires de la majorité, le débat n’aura pas attendu le rapport d’évaluation pour se crisper. A la surprise de ses partenaires, le MR a décidé de monter au créneau pour sauver le nucléaire en Belgique, en polarisant fortement le débat.

Offensive libérale

Toute la communication du président des libéraux a été de montrer que le nucléaire n’est pas qu’une question technique mais une question de projet de société. Le nucléaire est présenté comme la solution déterminante pour permettre une croissance verte qui respecte les choix individuels, la sortie complète du nucléaire est présentée comme le choix inverse : un projet de décroissance et de pression sur les libertés individuelles.


►►► Combien de tonnes de CO2 en plus si la Belgique ferme tous ses réacteurs nucléaires ?


En quelque sorte les libéraux francophones veulent montrer que derrière la sortie du nucléaire se cache une idéologie, l’idéologie écologiste de la décroissance qui serait antilibérale. En miroir, la prolongation du nucléaire est présentée non pas comme un choix technique ou pragmatique, mais comme un choix idéologique, qui serait celui du libéralisme.

Timidité des autres partis

Cette posture n’est pas du tout celle des autres partis flamands de la majorité, ni des autres partis francophones d’ailleurs. Il semble que les autres partis cherchent à tout prix à éviter de faire du nucléaire une question idéologique mais plutôt une question technique.

C’est le cas des trois partis flamands de la majorité, qui tous disent qu’ils peuvent accepter les deux solutions : prolongation ou arrêt. C’est aussi la stratégie, et c’est passé un peu sous les radars, des écologistes, surtout côté francophone. Jean-Marc Nollet disait fin août qu’il pourrait vivre avec la prolongation de deux réacteurs, même si sa préférence est évidemment la sortie complète. Il confirmait par là la volonté des écologistes de placer publiquement le débat sous le registre du choix technique et moins du choix de société comme Ecolo l’a pourtant fait durant 30 ans.

Le Premier ministre, lui, considère que la prolongation du nucléaire est un détail face à la question du développement durable. 

Le seul parti qui est entré, récemment, dans la confrontation volontaire avec le MR a été le PS. Le président du PS à de manière assez dure considéré que le débat était clos tentant d’affirmer un peu sa position "écosocialiste".

Gagnants et perdants

La stratégie de la polarisation s’est imposée aux partenaires du MR, surtout dans le sud du pays. La conséquence de cette stratégie clivante c’est que la décision de cette semaine fera, quoi qu’il arrive, des perdants et des gagnants, même si les déterminants de la décision seront largement liés à des contraintes techniques.

Toute prolongation sera mise au crédit du combat des libéraux francophones et signifiera une victoire de leur idéologie contre celle des verts et des rouges. A l’inverse toute sortie complète en 2025 sera une victoire de l’idéologie écologiste contre celle des libéraux.

Du côté de l’opposition, on se frotte déjà les mains, car cette semaine, quoi qu’il arrive, il y aura politiquement de la casse. Au moins un parti du gouvernement De Croo en sortira fragilisé.

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