Beauté

Le culte de la minceur toujours bien présent, des réseaux sociaux aux podiums

Le culte de la minceur toujours bien présent, des réseaux sociaux aux podiums.

© Francesco Carta

Par RTBF avec ETX

Chassez le culte de la minceur, il revient au galop ! Le triomphe du mouvement body positive, qui a contribué à rendre la mode (un peu) plus inclusive, n'aura pas suffi à envoyer la fameuse taille 0 au tapis. Au contraire, elle fait même un retour remarqué sur les podiums, porté par les esthétiques Y2K et 'héroïne chic', comme par la nouvelle obsession de certaines icônes et influenceuses mode d'afficher une silhouette skinny.

En seulement deux saisons, la planète mode est parvenue à replacer la minceur, sinon la maigreur, au centre de toutes les attentions… La présence d'un plus grand nombre de mannequins dits 'plus size' ces dernières années a - presque - fait oublier l'omniprésence de modèles taille 0 - correspondant à un 32 en France - qui semble s'être encore accentuée lors des dernières semaines de la mode. Un phénomène qui n'est pas sans lien avec le retour des Y2K dans la mode et es silhouettes (très) amincies affichées par des mannequins et influenceuses suivies par des dizaines de millions de personnes à travers le monde. Certains s'alarment déjà des répercussions induites par ce potentiel retour en force de l'apologie de la minceur.

Après une légère éclipse, l'extrême maigreur est de retour

Retour en mai 2022. A l'occasion du très couru Met Gala, Kim Kardashian s'exhibe dans une robe historique portée quelques décennies plus tôt par Marilyn Monroe. Une pièce d'exception dans laquelle la star de télé réalité s'est glissée après avoir perdu 7 kilos en seulement trois semaines, comme elle l'a confié elle-même.

Une perte de poids fulgurante qui n'a pas manqué de déclencher l'ire des internautes. "Il n'est pas sain de perdre autant de poids en si peu de temps", nous expliquait alors Claire Desvaux, diététicienne et naturopathe.

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Kim K. ne s'est pas arrêtée là puisqu'elle affiche depuis, comme sa sœur Khloé, une nouvelle silhouette, beaucoup plus amincie. Exit les formes qui ont contribué à la renommée de l'Américaine et ont inspiré de nombreuses jeunes femmes, place à une silhouette totalement redéfinie et bien plus skinny. L'ère de la bimbo 2.0 est-elle révolue ? Difficile de répondre mais force est de constater qu'une injonction en chasse toujours une autre.

Les avancées des dernières années en termes de représentations des corps pourraient être réduites à néant si elles excluent la majorité des femmes (qui ne font ni une taille 32 ni une taille 50) et plus encore si elles sont stoppées par un retour à la minceur extrême. Un constat fait lors de la Fashion Week consacrée à la saison printemps-été 2023, organisée en septembre dernier.

"Bye-bye booty : Heroin chic is back"

Impossible d'être passé à côté du phénomène. Courant 2021, les Y2K se sont imposées comme les nouvelles stars de la mode, rendant ses lettres de noblesse aux vestiges des années 2000 : taille basse, micro-jupe, string apparent, crop top et mini-short. Des vêtements peu enclins à embrasser le concept même de body positivisme.

Né sur les réseaux sociaux, l'engouement pour les Y2K n'a pas tardé à investir les podiums et à sonner le grand retour de la taille 0.

Un phénomène qui alerte et qui n'est pas sans rappeler que l'inclusivité est loin d'être acquise dans l'industrie de la mode.

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Alexandra Van Houtte, fondatrice de Tagwalk, moteur de recherche spécialisé dans la mode, a récemment confirmé la tendance au New York Times, révélant que "plus de la moitié des défilés de la [dernière] Semaine de la mode n'avaient toujours pas de mannequins ne faisant pas une taille 0 ou 2".  Un constat qui confirme le retour des mannequins ultra minces sur les podiums. Elle a également précisé que la base de données du moteur de recherche ne comptait à ce jour que trois mannequins midsize, dont la taille est comprise entre 42 et 44.

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En novembre 2022, c'est le New York Post qui mettait en avant ce retour au culte de la minceur avec un article intitulé "Bye-bye booty : Heroin chic is back". Il s'agissait alors d'évoquer la fin d'une ère, celle des fesses proéminentes, au profit d'une silhouette filiforme, voire squelettique.

Car les termes "héroïne chic" renvoie à une esthétique grunge née dans les années 90, faisant référence à des mannequins au look androgyne, au teint pâle et au regard cerné - et souvent associée à Kate Moss. Une esthétique surtout controversée si l'on considère qu'elle a été - et est toujours - associée à la drogue et aux troubles du comportement alimentaire.

Le body positivisme plus nécessaire que jamais !

Un article qui a fait réagir l'actrice et activiste féministe Jameela Jamil : "Je suis de la génération de la première vague de ce phénomène. Nous ne nous en sommes jamais complètement remises. J'ai perdu deux décennies de ma vie. Je vous supplie de rejeter violemment ceci, et de rejeter toute personne, tout magazine ou tout média qui participe à la propagation de cet enfer".

De quoi rappeler les conséquences qu'a pu avoir l'éloge d'une telle esthétique et plus encore celles de la popularisation de toute tendance qui mettrait l'accent sur telle morphologie plutôt qu'une autre. Le body positivisme (l'acceptation de tous les corps) semble plus nécessaire que jamais pour faire voler en éclats les nombreuses injonctions qui entourent - toujours - les mondes de la mode et de la beauté.

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