Le Covid Safe Ticket est jugé illégal. C’est la décision rendue aujourd’hui par le tribunal de première instance de Namur. La Région wallonne a été condamnée à mettre un terme à cette illégalité apparente dans un délai de 7 jours, sous peine d’astreinte de 5000 euros par jour de retard. La Wallonie a décidé d’interjeter appel de cette décision dès mercredi matin. La décision du tribunal n’annule pas le Covid Safe Ticket. Le CST reste donc d’application en Wallonie, a indiqué par communiqué mardi soir le gouvernement wallon. QR l’actu fait le point sur cette actualité et sur l’évolution sanitaire avec Leïla Belkhir, infectiologue aux cliniques Saint-Luc et Marius Gilbert, épidémiologiste à l’ULB.
CST "illégal"
Marius Gilbert précise que l’efficacité du CST est un outil qui dépend de l’endroit où il est utilisé et surtout de l’efficacité vaccinale contre l’infection. Et cette efficacité vaccinale a diminué dans le temps donc le bénéficie du CST n’est pas tout à fait certain. Pour l’épidémiologiste, le CST pose par ailleurs un certain de nombre de questions : "Le CST pose des questions en terme de cohésion sociale. Le coût en termes de discrimination n’est peut-être pas balancé par le bénéfice sanitaire, ce qui peut sans doute expliquer ce jugement. Et puis enfin le monde politique avait l’espoir que la mise en place du CST stimule la vaccination et on voit bien que ça n’a pas été le cas".
Leïla Belkhir abonde dans le même sens que Marius Gilbert. Le CST a perdu de sa pertinence : "Les gens se disaient avec le CST qu’ils ne risquaient pas de transmettre ni de tomber malade, or on a vu une partie de l’efficacité vaccinale diminuer pour les contaminations mais il reste bien entendu très efficace contre les formes graves. Le CST n’a plus vraiment sa place même si dans certains endroits, il pouvait quand même s’avérer utile".
Saturation hospitalière évitable ?
Certains scénarios prévoient la saturation de nos hôpitaux dès la mi-décembre. Pour le moment, les chiffres augmentent moins vite, précise Marius Gilbert. "C’est peut-être le signe que les mesures ont une efficacité ou plutôt que les gens ont compris qu’il fallait adopter des comportements plus prudents."
De son côté, l’infectiologue souligne que la situation aux soins intensifs reste particulièrement tendue. Et cette situation doit amener à poser aussi des solutions plus structurelles : "Il faut des solutions structurelles comme revaloriser le personnel infirmier et essayer d’attirer des jeunes dans les hôpitaux. Il faut absolument mettre en place des solutions sur le plus long terme avec ce virus qui est toujours présent".
Variant Omicron : gestion irrationnelle ?
Le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a demandé mardi aux Etats membres une réponse "rationnelle" et "proportionnelle" à Omicron, appelant au "calme" face au nouveau variant du coronavirus qui sème la panique depuis quelques jours.
Pour Marius Gilbert, il faut se départir du mythe du contrôle et de la vision exacte de la situation. "S’il y a quelque chose que nous devons avoir à l’esprit avec ce virus, c’est qu’il a toujours un coup d’avance sur nous. Et si on a détecté un cas en Belgique, ça veut certainement dire qu’il y a déjà plusieurs cas en Belgique. Certes, on a beaucoup d’incertitudes face à ce variant mais nous ne sommes pas face à un nouveau virus. N’oublions pas que nous avons un socle de protection avec la vaccination et les infections naturelles. Une chose est certaine, nous devons sortir de cette gestion semaine par semaine".
Crise pour longtemps encore ?
Leïla Belkhir ne s’avance pas sur la fin de la crise. "Dans l’histoire de la médecine, toutes les épidémies ont eu une fin… Pour être tout de même un peu optimiste, même si nous avons une situation actuellement difficile, elle est moins catastrophique que l’année passée. Nous avons plus d’outils qui nous permettent de gérer la situation notamment grâce aux traitements, aux vaccins…"
Marius Gilbert souligne lui aussi les progrès réalisés : "On va vers une amélioration constante malheureusement cette amélioration ne se marque pas en mois mais plutôt sur 6 mois voire une année".