Regard sur

Le crédit social : ce cauchemar orwellien devenu réalité en Chine

© Witthaya Prasongsin

Pendant un an, le journaliste français Sébastien Le Belzic a filmé le quotidien de sa femme, une Chinoise soumise au système de notation mis en place par le régime chinois depuis 2020. Un reportage à voir ce lundi 22 mai sur La Trois.

"1984" de Georges Orwell, ça vous dit quelque chose ? Dans ce roman, l’auteur représente un régime totalitaire, au sein duquel tous les citoyens seraient surveillés à l’aide de "télécrans" par un dénommé "Big Brother". Un scénario de science-fiction devenu réalité en Chine, où l’ensemble des citoyens fait l’objet d’une surveillance constante depuis 2020.

Traverser la route, faire ses courses, conduire sa voiture… Tout fait désormais l’objet d’une évaluation, permettant aux Chinois d’accumuler des bons et des mauvais points.

Et si pour le journaliste français Sébastien Le Belzic ce système de notation apparaît aberrant, Lulu, sa femme chinoise, n’y voit pour sa part pas d’inconvénient. Après tout, elle n’a rien à cacher !

Filmée par son mari pendant un an, son opinion va toutefois peu à peu évoluer, à mesure que le poids de ce nouveau mode de vie commencera à se faire ressentir…

Comment ça marche ?

Pour surveiller sa population, le gouvernement chinois a fait installer de nombreuses caméras de surveillance dans l’espace public. Au total, c’est ainsi 540 millions d’appareils qui ont été installés, pour 1,46 milliard d’habitants.

Mais ce n’est pas tout. En plus des images recueillies par ces caméras, les autorités ont également accès aux données présentes sur les téléphones portables des citoyens.

Ainsi, chaque décision, chaque acte peut faire l’objet d’un octroi ou d’un retrait automatique de points, comptabilisés grâce à une intelligence artificielle. Ceux qui reçoivent une bonne note peuvent ensuite bénéficier d’avantages, allant d’une simple réduction à l’obtention d’un visa pour partir en vacances à l’étranger.

À l’inverse, les mauvais élèves seront fichés sur liste noire. Outre l’humiliation publique que cela représente, ils n’auront dès lors plus le droit de réserver des billets de train ou des billets d’avion, se verront écartés du monde du travail, et ne pourront que très difficilement obtenir un prêt.

Le verdict de Lulu ?

Lulu, elle, a un score de 752. Un bon résultat, sachant que les notes attribuées s’échelonnent entre 350 et 950. Mais alors qu’au départ elle trouve plutôt amusant d’accumuler les points sur son smartphone, très vite elle déchante, reconnaissant l’aspect infantilisant du système.

Tandis que les semaines et les mois passent, elle confie par ailleurs que celui-ci prend de plus en plus de place dans ses pensées et commence à y voir une véritable intrusion dans sa sphère privée. "Ils sont en train de nous manger le cerveau, de nous transformer en robot", ose-t-elle même affirmer face à la caméra de son mari, une fois l’année écoulée.

Des avis divergents

Tout le monde, cependant, ne partage pas cette opinion. Invité par le journaliste à donner son opinion sur cette nouvelle mesure du gouvernement, Xin Dai, professeur de droit à l’université de Tsinghua, affirme pour sa part qu’il s’agit d’une évolution naturelle de la société, permettant de renforcer la sécurité de la population.

Un argument fréquemment avancé par les Chinois, et qui pour le chercheur Emmanuel Dubois de Prisque, s’inscrit dans un contexte culturel bien précis, accordant aux valeurs telles que l’éthique et la morale une importance fondamentale.

"Ma femme a du crédit", à voir ce lundi 22 mai à 20h35 sur La Trois et disponible sur Auvio pendant 3 mois.

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