"Êtes-vous au courant que vous ne pouvez pas être dans la rue entre minuit et cinq heures du matin ? Veuillez nous présenter votre carte d’identité s’il vous plaît", voilà la rengaine policière à laquelle sont confrontés les citoyens qui se retrouvent dans l’espace public après 22 heures ou minuit depuis le mardi 20 octobre. Un collectif d’une dizaine de citoyens, dont certains académiques réputés en Flandre, estime que cette mesure ne respecte pas la constitution. Une raison pour laquelle il a décidé de déposer un recours auprès du Conseil d’État. "En aucun cas, nous nous opposons aux mesures imposées pour lutter contre l’expansion du virus, mais le couvre-feu fédéral décidé ne respecte pas les droits fondamentaux définis par notre constitution, dont le droit de circuler librement dans l’espace publique sur le territoire national sans devoir se justifier", explique Karin Verelst, docteur en philosophie et membre du collectif citoyen anti-couvre-feu.
Le conseil d’Etat se penche ce vendredi matin sur le recours. Les plaignants ont introduit une demande de suspension d'extrême urgence qui sera analysée en chambres réunies (francophone et flamande, NDLR) par la plus haute juridiction. "On veut faire suspendre ce couvre-feu, c’est une menace pour l’État de droit. On veut qu’on établisse des règles avec une base légale propre. On le répète, nous ne sommes pas contre les mesures anti-corona, mais elles doivent rester dans les limites de la constitution belge. Une interdiction pure et dure, même s’il y a quelques exceptions, reste une suspension d’un droit fondamental et la constitution interdit formellement cela dans son article 187", ajoute-t-elle.