Un virus jusqu’ici inconnu qui provoque une crise sanitaire et économique, des mois d’incertitudes, de doutes, d’attente d’un vaccin… Le Covid-19 a bouleversé nos vies. Mais comment tout cela a-t-il commencé ? Et pourquoi en est-on arrivé là ? Autant de questions sans réponse claire et définitive. Et si tout ça n’était finalement qu’un vaste projet de domination mondiale orchestré par une poignée de puissants pour contrôler ce qu’il reste encore à contrôler, tout en se débarrassant des plus faibles ?
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C’est la thèse avancée par "Hold-Up", un documentaire qui se répand sur les réseaux en ce mois de novembre. Vous ne le verrez pas à une heure de grande écoute sur une chaîne de télévision nationale. Il faudra le louer sur une plate-forme de streaming… ou le trouver sur Facebook où des versions pirates se comptent par dizaines (au grand dam de ses créateurs).
Au départ, ce film est né grâce aux dons des internautes. Sur le site Ulule, spécialisé dans les cagnottes participatives, le projet a récolté quelque 180.000 euros auprès de plus de 5000 contributeurs (au point de faire réagir le CEO du site ce jeudi après-midi sur Twitter).
Les codes du documentaire télé
Le résultat, signé Pierre Barnérias et Christophe Cossé, c’est un film de 2h40 qui sollicite l’avis d’une trentaine d’intervenants. Les auteurs de "Hold-Up" sont des habitués de la télévision. Pierre Barnérias a collaboré avec plusieurs grands médias par le passé. Quant à Christophe Cossé, il a notamment travaillé pour "La carte au Trésor", célèbre jeu de France 3.
Résultat : tous les codes du documentaire télévisuel sont respectés. Interviews sur fond noir, musique qui respecte les lois du genre, ralentis à certains moments clés du discours, documents et images d’archives mis en évidence… on est loin du clip complotiste où une voix de synthèse débite un texte pendant que des photos défilent en fondu enchaîné.
Des intervenants à la légitimité critiquée
La plupart des personnes qui s’expriment dans ce documentaire ont un point commun : leur crédibilité a été mise en doute à un moment ou un autre ces derniers mois. Dans le film, leur discours mélange du vrai, du faux et des éléments sur lesquels la communauté scientifique n’a pas encore de certitudes. De quoi renforcer le biais de confirmation, ce processus qui consiste à ne retenir que ce qui nous conforte dans nos points de vue.
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Christian Perronne, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital de Garches, dont les propos ont fait polémique ; le militant anti-vaccination Jean-Bernard Fourtillan qui assure que l’Institut Pasteur est à l’origine du virus (des propos depuis démentis, preuves à l’appui) ; Luc Montagnier, prix Nobel de médecine qui affirmait que le SARS-CoV-2 est issu d’une tentative de fabrication d’un vaccin contre le virus du sida, Alexandra Henrion-Caude, ancienne directrice de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale aujourd’hui désavouée par ce même institut…
Sans oublier, dans les remerciements du générique, le Belge Jean-Jacques Crèvecoeur dont nous avions analysé le discours en mai dernier. En France, des journaux tels que Le Monde ou Libération ont depuis entrepris de lister les "contre-vérités" de Hold-up.
Seul Philippe Douste-Blazy, ancien ministre français de la Santé, a fait marche arrière. Sur Twitter, il écrit : "[Hold-Up] m’a été présenté comme un documentaire sur l’épidémie de Covid-19 et j’ai répondu, comme toujours, aux questions qui m’ont été posées. Je n’ai pas vu ce film et s’il y a le moindre caractère complotiste, je veux dire le plus clairement possible que je m’en désolidarise. La crise sanitaire que nous traversons est suffisamment grave pour ne pas ajouter de la confusion aux moments douloureux que nous vivons."
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