A partir du 7e siècle, finie la bienveillance. L’Occident va considérer l’oiseau comme une créature impie et mortifère. Quelle est l’origine de ce revirement ?
Dans l’histoire du déluge, il y a, dans l’arche de Noé, un couple de corbeaux, comme de chaque espèce animale. Noé va lâcher un corbeau, chargé d’observer la décrue des eaux, mais, au lieu de rapporter la bonne nouvelle, l’oiseau s’attarde à manger des cadavres. Noé est obligé d’envoyer alors une colombe, qui va rapporter la bonne nouvelle ainsi qu’un rameau d’olivier.
D’où l’opposition entre le corbeau et la colombe, entre l’oiseau noir et l’oiseau blanc, et, pour les valeurs chrétiennes, le discrédit de ce corbeau, explique Michel Pastoureau.
Entre le 8e et le 12e siècle, on va mener une véritable guerre contre le corbeau, trop valorisé par les cultes païens dans l’Europe du Nord et germanique. Sa couleur noire renvoie au diable, à l’enfer, au gouffre infernal, au péché. On parle d’un véritable massacre.
On va aussi tourner en ridicule les animaux trop valorisés par le paganisme. L’ours deviendra une bête de cirque, le corbeau sera moqué par la fable ou le roman de Renart.