C’est même plutôt l’inverse. L’UCLouvain mène en ce moment une enquête pour mesurer notamment l’évolution de la consommation d’alcool. Cette recherche a commencé au début du mois d’avril, soit en plein confinement.
Les premiers résultats (jusqu’au 20 avril) montre que, contre toute attente, on ne peut pas parler d’une augmentation globale de la consommation, comme l’explique Pierre Maurage, chercheur à l’UCLouvain qui a dirigé l’enquête : "On pouvait craindre une augmentation généralisée de la consommation d’alcool, mais ce n’est pas ce que l’on observe. La plupart des gens garde une consommation d’alcool stable ou la diminue. Seul un quart des personnes l’augmente pendant le confinement."
Sur les 6500 réponses analysées pour cette enquête, 46% indiquent qu’il n’y a pas eu de changement d’habitudes vis-à-vis de l’alcool et 29% révèlent même une baisse de la consommation.
Cela dit, près d’un tiers des répondants (29%) estime boire plus qu’avant, six verres en plus par semaine en moyenne.
L’anxiété et le télétravail comme facteurs d’augmentation
Depuis les mesures de confinement, Alexandre Gaschard travaille de chez lui. Cet homme de 51 ans l’admet, alors qu’avant il ne buvait quasiment que quand il sortait, avec des amis, aujourd’hui, il prend des apéros presque tous les soirs, à plusieurs via internet mais parfois seul. Sans parler d’excès, il estime boire tout de même plus depuis le début de la crise : "C’est une sorte de gratification, entre le télétravail et le confinement, la vie a changé et pas en bien, mais de manière négative […] C’est surtout se dire qu’il faut quand même se faire plaisir dans cette situation cauchemardesque."
Les facteurs qui expliquent une hausse de consommation d’alcool sont multiples. Dans l’enquête, certains expliquent tenter de contrer leurs sentiments négatifs avec l’alcool. Le chercheur Pierre Maurage explique ainsi : "le facteur majeur pour l’augmentation, c’est le fait d’être anxieux, d’avoir des émotions négatives notamment liées au confinement. Le facteur qui augmente chez la plupart des gens la consommation, c’est l’anxiété par rapport au risque de contamination, aux craintes sur l’avenir et le stress familiale, le fait par exemple d’être confiné avec des enfants augmente l’anxiété et la consommation d’alcool."
Mais le docteur Thomas Orban, alcoologue, le rappelle, se réfugier dans l’alcool pour tenter d’affronter ses angoisses n’est malheureusement pas une solution : "C’est oublier que l’alcool est aussi un anxiogène si on le consomme tous les jours. Donc plus on consomme, plus on sera stressé et plus on sera dépressif."
Si l’aspect psychologique peut expliquer une augmentation de la consommation, le contexte de vie joue aussi un rôle. Ainsi, 38% des personnes qui ne travaillent plus ou se retrouvent à domicile en télétravail (37%) suite au confinement disent boire plus qu’avant. Il s’agit par exemple de personnes qui prennent un apéro à midi alors qu’elles ne l’auraient pas fait au travail.