Belgique

Le cinéma d'animation : le champ de tous les possibles

Le festival Anima commence ce vendredi soir

© Kitty Crowther

La 42ème édition du festival Anima s'ouvrira ce vendredi soir à Flagey, à Bruxelles. Le festival s'exporte aussi dans différents cinémas de Wallonie et de Flandre. Anima, c'est le rendez-vous annuel des passionnés de cinéma d'animation.

Au total, 324 films et courts métrages ont été sélectionnés parmi deux milles productions internationales envoyées à l'équipe d'Anima, qui a fait son choix. Et chacun de ces films est un univers en soi. 

Des techniques multiples pour faire un film

Si les univers proposés par le cinéma d'animation sont si différents d'un film à l'autre, c'est en partie parce que les techniques de réalisation sont multiples. "Le cinéma d'animation, c'est tout ce qui est fait image par image", explique Dominique Seutin, la co-directrice du festival.

"Le cinéma d'animation, c'est le même principe que pour réaliser un dessin animé, mais avec d'autres matériaux de base que des dessins. Cela peut être de la peinture, des marionnettes, de la pâte à modeler, des allumettes, des corps humains même (mais qui sont pris image par image), et bien sûr les images de synthèse. En prise de vue réelle, on filme forcément des choses qui existent. En film d'animation, on peut vraiment tout inventer. On peut essayer de retranscrire ses propres rêves, ses idées visuelles, mais qui n'ont aucun lien avec la réalité. Chaque réalisateur a une proposition qui est unique, tant dans le style graphique que dans la narration, les dialogues ou la musique du film".

Comme tout est créé à partir de zéro, il y a beaucoup plus d'originalité. "Chaque film est une surprise et c'est cela qui est fabuleux. Il y a une diversité incroyable dans la manière de raconter". 

Le cinéma d'animation, c'est mettre un filtre pour aborder des thématiques difficiles

Le film Nayola sera projeté ce soir à Flagey

Le film Nayola ouvrira le festival. Il s'agit d'un long métrage de José Miguel Ribeiro, et c'est une coproduction belge, française, néérlandaise et portugaise.

Nayola raconte le destin de trois femmes dont la vie est frappée par la guerre en Angola. "Dans le cinéma d'animation, on aborde de plus en plus  souvent des thèmes compliqués, difficiles, tels que la guerre ou les problèmes familiaux", poursuit Dominique Seutin. Je pense que ce type de cinéma décomplexe certains auteurs qui ont envie de dire des choses très sérieuses et abruptes mais pas trop frontalement. Il y a donc beaucoup de réalisateurs qui utilisent le cinéma d'animation pour faire du documentaire et parler de choses très violentes, parce qu'ils peuvent en quelque sorte mettre un filtre sur des choses dures."

Le festival Anima propose aussi dans sa programmation le film Valse avec Bashir, film d'animation autobiographique, multiprimé, autour de l'enquête d'un cinéaste israélien sur son passé de soldat pendant la guerre au Liban au début des années 1980.

Pour les enfants à partir de 6 ans, Dounia et la princesse d'Alep sera projeté au cinéma Palace dans le cadre du programme Kids d'Anima. Le film raconte la vie de Dounia, une petite fille qui vit à Alep avec ses grands-parents. Quand la guerre éclate, la famille s'engage sur les chemins de l'exil. 

Le cinéma d'animation pour aller au-delà du réel

Le cinéma d'animation ouvre aussi une multitude de portes pour aborder l'onirique, le non-réel, peuplé de personnages nés dans la tête des réalisateurs. 

Le court-métrage Ubi Deus d'Elliot Audigé en est un bon exemple. Il sera présenté en compétition avec d'autres films d'étudiants au festival Anima.

Dans Ubi Deus, Elliot Audigé, diplômé de la Cambre, évoque la genèse de la Mort, la mort de Dieu lui-même et la beauté de la destruction. "J'ai toujours aimé dessiner et j'ai toujours aimé le cinéma", raconte Elliot Audigé.

"Je ne pouvais pas choisir entre les deux alors je suis allé vers le cinéma d'animation. J'invente constamment des personnages dans ma tête. J'en viens toujours à la fiction car même quand je ne travaille pas, je travaille. Dans ma tête ça tourne, il y a des histoires qui avancent et certains personnages que j'ai écrits il y a dix ans sont encore là à grandir avec moi".

Elliot Audigé dessine chaque image. Ce qui le passionne, ce sont les possibilités infinies qu'offre le cinéma d'animation "au niveau des textures, du mouvement, du rythme, et même du montage. On reste un petit peu coincé en Europe dans l'idée que le dessin animé est pour les enfants. Alors que l'on pourrait encore davantage aborder des thèmes difficiles grâce au dessin animé. Je pense à la pédophilie, par exemple, autour de laquelle il y a des tabous et dont il faut parler parce que c'est grave. Ce serait un peu compliqué d'engager un enfant acteur pour un film pareil... alors qu'en animation, cela n'engage personne". 

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