Si dans le public et même parmi les musiciens de l’orchestre, les réactions étaient contrastées, les réactions des autorités ne se sont pas fait attendre. Le 1er mars, Ivan Valikanov apprend qu’il est suspendu pour les prochaines représentations des Noces de Figaro. Interrogé par France Musique, le chef d’orchestre explique que cette décision a été poussée par "quelqu’un du gouvernement qui a décidé de m’empêcher de diriger".
Dix jours après sa suspension, Ivan Valikanov rassure, en affirmant qu’il n’a reçu aucune menace : "jusqu’à présent, aucune mesure répressive n’a été prise contre moi personnellement, à l’exception d’une suspension de représentation". Par ailleurs, il a dirigé la première de Falstaff de Salieri au Théâtre du Bolchoï ce jeudi soir.
Interrogé sur les sanctions et la mise au ban des artistes russes sur la scène internationale, Ivan Valikanov répond en ces termes : "je comprends qu’il s’agisse d’une expression de solidarité, mais cette approche n’a pas de sens. Elle est agressive et, surtout, elle touche généralement les mauvaises personnes." Rappelons que depuis le début de la guerre en Ukraine, les réactions d'institutions musicales envers les artistes russes, mais aussi le répertoire musical russe, provoquent l'indignation : des pianistes russes écartés du concours international de piano de Dublin, des œuvres de Tchaïkovski et Moussorgski déprogrammées en Pologne et en Croatie, ou encore des chefs d'orchestre russes remplacés, comme Pavel Sorokin à Londres. Toujours à la Deutsche Well, Ivan Valikanov a ajoué que "des milliers de personnes ont été arrêtées pour avoir participé à des manifestations et des protestations contre la guerre, qu’elles soient des retraités, des étudiants ou des adolescents. Mais nous ne savons pas ce que les gens au pouvoir feront aux artistes, ce qui ne concerne pas seulement moi, mais bien d’autres, dont des musiciens, des acteurs et des metteurs en scène."