Pour lutter contre la consommation "nocive" d’alcool, notamment auprès des jeunes, le cdH propose d’interdire la vente de boissons alcoolisées dans les night-shops, sur les aires d’autoroutes, dans les distributeurs automatiques et la remise d’échantillons lors d’événements ou d’actions marketing. Un texte a été déposé en ce sens à la Chambre par la députée Catherine Fonck.
L’alcool fait partie intégrante de notre culture
Le cdH est actuellement dans l’opposition. Cette proposition au contenu radical aura-t-elle donc une chance d’aboutir ? En tout cas, elle va soulever le débat tant elle restreint l’accès aux boissons alcoolisées. "L’alcool fait partie intégrante de notre culture et sa consommation semble s’être banalisée dans notre société, quel que soit l’âge ou la classe sociale", rappelle la proposition.
"L’alcool est associé à divers aspects de notre culture tels que le savoir-vivre et l’art de la table, le raffinement et le prestige, tant dans le contexte familial qu’au sein de groupes de pairs. Il est également présent lors d’événements importants, soit pour les célébrer (nouvel an, réussite d’examen, départ d’un collègue, repas de famille, anniversaire, mariage) soit pour se déconnecter de la souffrance (séparation, échec, perte d’emploi, etc.)."
Féminisation, "binge drinking"
A côté, il ne faut pas oublier la culture brassicole belge, son poids économique et en termes d’emplois. Mais voilà, pointe les humanistes, il y a les dérives liées à une consommation non-contrôlée. "Une tendance à la surconsommation, avec notamment le 'binge drinking', boire dans le but d’atteindre l’ivresse, a fait son apparition et est en augmentation", notamment chez les jeunes.
"Autres phénomènes préoccupants auxquels on assiste : le rajeunissement, la féminisation de la consommation et une banalisation de l’ivresse, notamment par des sites sponsorisés par des alcooliers récompensant les plus belles cuites", pointe encore Catherine Fonck.
3,3 millions de décès par an dans le monde
Conséquences de cette consommation incontrôlée : des problèmes de santé et la mortalité. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, 3,3 millions de décès sont attribués annuellement à l’alcool dans le monde. En Belgique, "l’alcool représente la plus grande cause de mortalité chez les jeunes, il s’agit ici principalement de décès survenus à la suite d’accidents de la circulation", rappelle la proposition.
Autre donnée avancée par le cdH, cette enquête menée par l’Institut scientifique de Santé Publique, en 2013, indiquant qu’un Belge sur dix âgé de 15 ans et plus qui a consommé de l’alcool au cours de sa vie rapporte avoir connu des problèmes liés à sa consommation.
Pour lutter contre la consommation inappropriée d’alcool, il y a la régulation du marché et les hausses des taxes sur les boissons alcoolisées. Sans oublier, dit le cdH, la mise sur pied d’un Plan national Alcool axé sur la prévention, la répression, la santé. Initié en 2008, celui-ci n’a "bénéficié d'un coup d'accélérateur" regrette Catherine Fonck.
Interdire la publicité qui encourage à une consommation irréfléchie
Avec sa proposition le cdH veut d’abord agir sur la disponibilité de l’alcool. Notamment via les magasins de nuit et les autoroutes. "La disponibilité des boissons alcoolisées dans notre pays est très élevée. Il est possible de se procurer des boissons alcoolisées à toute heure, notamment via l’achat dans les magasins de nuit et les stations-service. Cela entraîne des problèmes de santé publique, des débordements sur la voie publique et des problèmes de sécurité routière."