Le racisme est très présent au sein de la société brésilienne. Alors que la population blanche représente moins de la moitié des Brésiliens, c’est elle qui détient tous les leviers politiques, économiques et culturels du pays.
Les populations noires et métisses sont majoritaires au Brésil. Elles sont pourtant les plus discriminées. Dans la vie quotidienne, les discriminations existent à tous les niveaux. Elles sont courantes dans l’éducation et dans le milieu du travail. Les insultes, les agressions, les homicides à caractère raciste restent monnaie courante.
Au Brésil, le racisme est synonyme d’exclusion sociale
Deux tiers des pauvres sont noirs ou métis. Pour le même emploi, les Noirs gagnent deux fois moins que les Blancs. C’est encore pire pour une femme noire. Dans les grandes villes, à Rio ou São Paulo, les noirs et les métis vivent majoritairement dans les favelas, les quartiers les plus pauvres.
Sur le plan politique, à peine un député sur dix est noir. Les trois principaux candidats à la présidentielle d’octobre sont blancs. Au niveau culturel, le tableau n’est pas franchement mieux. C’est le cas des telenovelas, ces séries télévisées très populaires au Brésil, où les noirs jouent souvent des rôles secondaires. Dans l’esprit de nombreux Brésiliens, un noir riche ne peut être qu’un footballeur.
Conséquence de l’histoire du pays
Le Brésil est le dernier pays d’Amérique du sud à avoir aboli l'esclavage en 1888. Depuis, la société brésilienne ne s’est pas assez penchée sur l'héritage de la traite des Noirs. C’est tout un pan de l’histoire du pays qui est passé sous silence.
Les organisations noires parlent de "racisme institutionnalisé". Au Brésil, le racisme est caché, quotidien et sous-estimé par les médias. Il est pourtant ancré dans les esprits. De nombreuses associations antiracistes dénoncent un sentiment de honte qui existe au sein des populations noires et métisses. Contrairement aux États-Unis, les noirs du Brésil n’utilisent pas leurs racines africaines pour définir avec fierté leur identité.
Quelques petites avancées
Le système des quotas dans les universités a permis à une nouvelle génération de noirs et de métis à accéder à des études de haut niveau. Petit à petit, les associations noires arrivent à mettre en avant le sentiment d’africanité. A la télévision, l’un des passe-temps préférés des Brésiliens, les noirs sont mieux représentés. Les choses avancent lentement au Brésil. Mais, la route est encore longue.
Nicolas Willems