Plus de la moitié des Belges se sentent régulièrement mal dans leur travail. Plus d’un quart est angoissé dès le dimanche soir à l’idée de reprendre le travail le jour suivant.
Pourquoi ne pas suivre l'exemple du Danemark, où les mérites de l’équilibre entre la vie privée et le travail sont vantés. Dans cette entreprise de marketing digital, située dans la périphérie de Copenhague, ils sont 31 à travailler à temps plein. Il est 9 heures quand Joséphine passe le pas de la porte, bien à temps pour un petit déjeuner, offert par l’entreprise. C'est une attention assez courante dans le pays. "Ici, il n'y a aucun contrôle, tous les employés arrivent au compte-goutte", explique Josefine Rasmussen, chargée d’événements à IIH Nordic. "Si je ne suis pas en retard dans mon travail, je peux faire moi-même mes horaires".
Anticiper le burn-out
Mais ce n’est pas tout, au Danemark, on croit en l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Les patrons encouragent même leurs employés à avoir des activités en dehors du travail. "Je pars tous les mardis à 15 heures pour mes cours de ju-jitsu. C’est très important pour moi. Du moment que je l'indique bien dans mon horaire afin que tout le monde puisse s’organiser, ça ne pose aucun problème" poursuit Josefine Rasmussen.
Peu importe l’âge, la fonction, l’ancienneté, chacun a droit à cette flexibilité. Et pour ça, les emplois du temps sont d’ailleurs visibles de tous. "J'ai accès à l’horaire de mon boss. Je peux voir où il est en réunion. Et je peux voir quand lui aussi doit partir plus tôt", détaille Josefine Rasmussen.
Le boss, c’est Mikkel. Pour veiller au bien-être des travailleurs, il rencontre une fois par semaine chaque membre de son équipe pour vingt minutes d’entretien en tête-à-tête. C'est un moyen selon lui d’anticiper tout burn-out. "Nous devons avoir une certaine fréquence dans nos réunions, c’est important. Aussi parce que c’est l’occasion pour moi de demander à Maria, par exemple, comment elle va, et si tout se passe bien ? Si vous êtes triste, êtes-vous efficace au travail ? Bien sûr que non" selon Mikkel Lundø, directeur des opérations à IIH Nordic.
"Lucky lunch"
Le bien-être, ça passe aussi par de bons rapports entre collègues. Les patrons danois l’ont bien compris. Alors, même la pause fait partie du temps de travail. Ce midi, Josefine partage son repas de trente minutes avec Jomar. "Le principe du 'lucky lunch', c’est de passer toutes les deux semaines notre pause de midi avec une personne de l’entreprise choisie au hasard" explique Jomar Reyes, stratège en marketing digital à IIH Nordic.
Le "lucky lunch" existe aussi dans les grandes entreprises. Sur le site de ce laboratoire pharmaceutique, qui compte 1800 employés, ce type de repas s’organise une fois par mois. Ce que Maia Fredtoft Soechting, employée chez Leo Pharma, apprécie ici, c’est que tout soit pensé pour faciliter la vie des parents. Service de blanchisserie, mais aussi service traiteur : pour l’équivalent de 4 euro, elle ramène chez elle des petits plats bio. "Les restes du buffet sont en vente. Chaque personne qui a besoin d’un repas pour le soir peut se servir. Et je dois dire que ça m’arrange de ne pas faire à manger chaque soir", dit-elle.
Comme tous les employés de bureau de l’entreprise, Maia fait très souvent du télétravail. Une option que cette mère de trois enfants utilise à sa guise.
Flexibilité et confiance
Selon l’Institut syndical européen, quand on parle de bien-être au travail, c’est au Danemark que les hommes et les femmes se sentent les plus égaux. Au Danemark, officiellement, la semaine de travail est de 37 heures, pourtant la plupart des Danois travaillent moins que ça. Le mot d’ordre dans le monde du travail c’est la flexibilité. Le tout dans une confiance mutuelle.
Dans la mentalité danoise, on préfère penser résultats plutôt qu’horaires. Cette formule semble avoir fait ses preuves puisque, dans l’Union européenne, c’est au Danemark qu’on compte le plus d’entreprises extrêmement productives.
"On ne vérifie pas quand nos employés arrivent ni quand ils partent. Ni même quand ils se connectent. Donc en fait on ne calcule pas vraiment combien de temps ils travaillent en réalité", insiste Mette Vestergaard, vice-présidente de Leo Pharma.
Une organisation du travail à la carte, un dialogue permanent pour prévenir les problèmes liés au stress et un soutien à la parentalité, voilà la recette danoise du bien-être au travail.