Belgique

Le "Baromètre 2021" de la FGTB fait le point sur près de deux ans de crise Corona en Belgique

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Près de deux ans après l’apparition du Coronavirus, où en est la société belge ? Quels sont ses points forts ? Ses vulnérabilités ? La FGTB, dans son "Baromètre 2021", se penche sur le modèle socio-économique belge. Au bout de deux ans, la FGTB constate que la société a été maintenue à flot, grâce aux soins de santé, à la sécurité sociale, notamment. Mais, estime le syndicat, des vulnérabilités demeurent, par exemple l’écart qui se creuse entre riches et pauvres. La FGTB suggère dès lors des améliorations.

Une société maintenue à flot

Malgré "le choc énorme", l’économie belge "a tenu le cap", peut-on lire en préambule du tableau dressé par la FGTB après près de deux ans de crise du Coronavirus, avec un rebond de l’économie "plus fort et plus rapide que prévu".

Le syndicat constate que le marché de l’emploi "plie mais ne rompt pas". "Il n’y a qu’aux Pays-Bas qu’un nombre moins élevé de personnes ont déclaré avoir été confrontées à une perte d’emploi ou à une modification de leur situation professionnelle", relève le baromètre de la FGTB.

La FGTB s’appuie aussi sur la Banque nationale pour préciser que "les bénéfices des entreprises augmentent rapidement et atteindront bientôt de nouveaux records".

Pour le syndicat socialiste, le mérite en revient à la sécurité sociale et au dialogue social.

La FGTB épingle le rôle des soins de santé. La qualité de ces soins, notamment ceux dans le secteur public est mise en avant par le syndicat socialiste. Il y est question d’accès aux soins pour les plus vulnérables et d’investissement dans la prévention. "La crise a prouvé le caractère vital de ces investissements pour l’ensemble de la société", relève la FGTB.

La FGTB met aussi en avant le rôle de "filet" joué par la sécurité sociale. Les dégâts ont été plus importants, selon le syndicat, dans les pays ne disposant pas d’un tel système. Sont ici mis en avant des éléments comme l’augmentation de certaines indemnités dans le cadre de la crise Corona. "Selon la Commission européenne, en Belgique, sans l’intervention des pouvoirs publics, le revenu moyen disponible des ménages aurait baissé de 4%. Mais l’effet a été limité par les mesures gouvernementales à 2%", souligne la FGTB. Pour la FGTB, le système de chômage temporaire a aussi permis une adaptation rapide du marché du travail.

La FGTB souligne aussi le rôle joué par le dialogue social qui a permis de trouver des solutions à la crise, notamment le télétravail.

Quant aux aides allouées aux entreprises et aux indépendants, elles étaient "nécessaires pour de nombreux secteurs et entreprises", estime la FGTB, mais "il existe un déséquilibre important entre les aides aux entreprises et celles aux ménages", regrette le syndicat.

Des faiblesses dans le système

Cependant, pour la FGTB, des vulnérabilités demeurent dans le système belge.

Le syndicat socialiste souligne l’écart de santé qui se creuse entre riches et pauvres. Pour un homme âgé de 40 à 65 ans, la mortalité est cinq fois plus élevée pour les 10% de personnes aux revenus les plus faibles par rapport aux 10% les plus riches, relève le syndicat.

La FGTB constate aussi que les ménages aux revenus les plus faibles subissent une perte de revenus relativement plus importante. Cela s’explique notamment par le fait qu’ils occupent plus d’emplois sous des contrats flexibles ou temporaires. Ce sont les premiers contrats résiliés lors de la crise.

Enfin, la FGTB constate que le nombre de personnes qui doivent recourir aux banques alimentaires est en augmentation. "En 2020, les banques alimentaires ont distribué 24% de repas en plus qu’en 2019. D’année en année, de plus en plus de personnes doivent faire appel à cette aide pour se nourrir. En 2020, entre 175.000 et 195.000 personnes ont eu recours à l’aide alimentaire chaque mois", relève la FGTB.

Autre inégalité, l’inégalité de genre. La crise a accru la difficulté de combiner travail et famille. La charge familiale incombant plus souvent aux femmes qu’aux hommes, le taux d’emploi des jeunes femmes est celui qui a le plus baissé pendant la crise du Coronavirus.

La FGTB épingle aussi la dégradation du bien-être mental pendant la crise et une fracture numérique qui ne s’arrange pas. Plus les revenus sont faibles, plus les compétences numériques sont faibles, estime la FGTB.

Des pistes à envisager, selon la FGTB

Sur base de ces constats, le syndicat socialiste préconise une série de pistes pour améliorer le fonctionnement de la société.

Une réévaluation des salaires est ainsi mise en avant. "Nos salaires n’évoluent pas en fonction de la hausse de la productivité", souligne la FGTB, la productivité ayant progressé 12% de plus que les salaires.

Pour la FGTB, le pouvoir d’achat des Belges est "en perte de vitesse". Le syndicat plaide dès lors pour une révision de la loi de 1996 sur la formation des salaires.

La FGTB suggère aussi de renforcer la sécurité sociale. Le syndicat part d’un constat : "Entre 2015 et 2021, la masse salariale a augmenté de 14%, mais les cotisations de 8% seulement". La faute, selon la FGTB, au tax shift, aux contrats de travail flexibles et aux rémunérations alternatives comme les voitures de fonction ou les chèques de toutes sortes. Ce sont, estime la FGTB, 6,8 milliards d’euros de prestations salariales qui ne sont pas soumises à la sécurité sociale.

La FGTB suggère aussi de renforcer les investissements publics.

Enfin, la FGTB estime qu’il faut davantage lutter contre les inégalités. Là, c’est la fiscalité qui est à revoir, selon le syndicat socialiste. "Aujourd’hui, la Belgique se trouve dans le top mondial entre le Royaume-Uni, champion de la croissance des inégalités et les États-Unis. Un système de taxation différent est nécessaire", estime le syndicat.

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JT du 06/12/2021

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