Les Grenades

Le 8 mars, un rendez-vous pour rappeler que les femmes ont des choses à dire 365 jours par an

© Getty Images

Par Aurore Kesch, une carte blanche pour Les Grenades

Évidemment, il faut profiter de la publicité faite autour de cette date symbolique de la journée internationale des droits des femmes, et de la visibilité qu’elle offre aux luttes féministes !

Évidemment, c’est une occasion unique de mettre en avant le travail mené par les organisations de femmes !

Évidemment, il faut rejoindre les actions de grève féministe, y participer de toutes les manières possibles !

Pour montrer que nous voulons un autre modèle de société. Car, sans conscientisation des inégalités liées aux rôles et tâches assignés aux femmes et aux hommes dans ce monde, il n’y aura pas de véritables changements. Que ce soit dans la sphère privée ou dans la sphère professionnelle, ce sont les femmes qui se chargent encore souvent, et de manière additionnelle, des tâches qui tournent autour de l’organisation du "ménage", de l’éducation des enfants, du soin aux proches ou même aux autres…

Oui, dans ce monde, les femmes elles-mêmes ont parfois tendance à l’oublier, mais ce sont elles qui sont fréquemment les premières à endosser des tâches et des responsabilités, pour le compte de tous, en rognant une partie de leur vie à elles, et en occupant de manière assez systématique les places les moins valorisées…

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Mais le 8 mars, c’est aussi, l’occasion de rappeler que les femmes ont des choses à dire toute l’année. Et dans tous les domaines. Y compris ceux pour lesquels on va moins spontanément vers elles, comme, par exemple, tous ceux qui impactent leur autonomie socio-économique (statuts, temps de travail, pensions, droits individuels,… la liste est longue !)

C’est chaque jour qu’elles subissent des discriminations. A la maison, au boulot, dans leur vie intime ou sociale. Parce que la manière dont est organisée la société les invite fermement à rester là où on les attend. Là où le patriarcat les attend. Au mépris de leur autonomie, et parfois de leur épanouissement personnel.

Tous les sujets regardent les femmes.

Mais les femmes ne s’emparent pas toujours de tous les sujets. Parce qu’elles ont été habituées à ne rien dire sur certains d’entre eux, ou plus exactement : à ne pas s’autoriser à avoir leur mot à dire.

Parce qu’à côté de la patience inculquée aux femmes comme si leur vie en dépendait, à côté de ce sens du sacrifice qui leur colle à la peau, il y a aussi ce sentiment d’illégitimité à s’exprimer sur des sujets "qui ne les regardent pas". Pour beaucoup de femmes rencontrées sur le terrain, s’est imposée une sorte d’exclusion "toute naturelle" de certains domaines de réflexion. Exclusion promue par un fatalisme plus que paternaliste (le fameux "ça a toujours bien été comme ça") et bien sûr soutenue par une socialisation spécifique des femmes qui peut mener, si on n’y prend pas garde, à les exclure de toute zone de pouvoir ou d’expression signifiante.

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Chez Vie Féminine, renverser cet état de fait constitue un de nos premiers défis : rendre aux femmes le sentiment de compter, en leur permettant de reconquérir le pouvoir de s’exprimer et d’avoir leur mot à dire… sur tout ce qui concerne le vivre-ensemble dans cette société.

Alors, rendez-vous ce 8 mars pour mettre en lumière le monde égalitaire, solidaire et juste qu’on veut et bienvenue aux actions dans toute la Wallonie et Bruxelles !

En revanche, n’attendons pas le 8 mars pour faire de la place aux luttes des femmes ! Écoutons-les aussi quand sortira un projet de loi qui impactera l’emploi, interrogeons-les quand une question se posera autour des priorités à effectuer dans un ajustement économique. Faisons parler les femmes en leur offrant des espaces de réflexion collective, le monde n’en sortira que plus juste !

C’est chaque jour qu’il faut se rappeler, ensemble, pourquoi il est utile d’être féministes, en 2022. Le 8 mars, mais aussi le 6 avril, le 9 juin, le 25 août… et tous les autres jours.

Aurore Kesch est présidente de Vie Féminine.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.

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