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Le 8 mai à nouveau férié ? Le monde culturel flamand réclame une "journée du souvenir" en Belgique

Le focus: l'auteur flamand Tom Lanoye

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Par Kevin Dero, sur base d'une interview de Pascal Claude via

"Les mouvements d’extrême droite reviennent d’abord en pantoufles, mais on entendra bientôt de nouveau le bruit des bottes". En Flandre, le monde culturel se mobilise pour que le 8 mai redevienne un jour férié en Belgique. Mais aussi pour que les résistants de la Seconde Guerre mondiale soient reconnus comme des héros. Le célèbre écrivain et dramaturge flamand Tom Lanoye était en direct sur nos antennes ce matin pour en parler avec Pascal Claude.

Urgence

Pour lui, il y a urgence à remettre la date au goût du jour : " Tout d’abord, on doit se demander pourquoi ce jour férié a été éliminé pendant les années septante. Pourquoi a-t-on choisi notamment cette journée et pas les autres ? Il y a le lundi de Pentecôte… Pourquoi ne pas changer ça ? Parce qu’évidemment, le 8 mai, c’est la victoire de la démocratie. Mais aussi la défaite du nazisme et de l’extrême droite. Il y a tant d’histoires qui n’ont pas été racontées, notamment de la Résistance ".

Ce n’est pas normal de penser que les libertés qu’on a, on les a pour toujours

Commémorer la victoire de la démocratie

Pour le néerlandophone, c’est néanmoins plus la dimension symbolique que la date en elle-même qui lui paraît importante. " On doit avoir une journée où on peut commémorer la défaite du nazisme et la victoire de la démocratie ". Des manifestations (discussions, lectures, témoignages…) seront organisées le 8 mai dans des maisons de culture, des théâtres. Dans onze villes en Flandre et le KVS à Bruxelles. Une " fête à la démocratie " importante aux yeux de Tom Lanoye. Pour le nord du pays, mais aussi la Belgique dans son ensemble, et même ailleurs : " ce n’est pas seulement la Flandre, c’est l’Europe. Quand on regarde l’Italie, la Pologne, l’extrême droite est en train de s’organiser. Quand on regarde ce que fait Orban (en Hongrie, ndlr)… Pour ma part, en tant qu’homosexuel, aussi… Ce n’est pas normal de penser que les libertés qu’on a, on les a pour toujours. Nous devons faire la fête de la démocratie et dire aux jeunes pourquoi c’est si important ".

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Mémoire collective

Un jour férié (peu importe le 8 mai ou un autre, donc), qui permettrait pour l’écrivain, de procéder à une introspection de notre société. " La chose la plus importante, c’est de se demander ce qui est arrivé là-bas ? Pourquoi a-t-on oublié tant de noms des gens de la Résistance, notamment en Flandre ? ". Et Tom Lanoye de constater amèrement : " je le dis avec une certaine honte, mais les noms des collaborateurs sont plus connus que les noms de résistants. De Deconinck, de Charles Schepens… La mémoire collective est très importante. Ça ne veut pas dire qu’on doit l’imposer, mais au moins en discuter ".

Les noms des collaborateurs sont plus connus que les noms de résistants

Et de citer les Pays-Bays, où c’est le cas le 4 mai. " Dans toutes les villes, il y a des musées, des bibliothèques, des théâtres, ils font de grandes fêtes, des discussions, des témoignages, des films. Tout ça, pourquoi ne l’a-t-on pas en Belgique ? En France, on commémore encore, on fête encore le 8 mai. Ce n’est pas si normal qu’on ne le fasse pas en Belgique ! "

Tom Lanoye en 2015
Tom Lanoye en 2015 © BELGA

De citer des noms

Le monde culturel a tout intérêt à se mobiliser, dit l'Anversois, livrant un vibrant plaidoyer : "étant écrivain engagé, je crois que la culture a un rôle important à jouer ". Et le néerlandophone de solliciter aussi les historiens, par exemple. Comme via le projet " Voici les noms ". Pendant 48 heures seront énumérés à haute voix 8500 noms de résistants assassinés lors du deuxième conflit mondial. Cela se passera au fort de Breendonk. " C’est important de lire les noms, tout simplement… Quand on prend que 20 secondes pour chaque nom, on a déjà besoin de 48 heures pour lire les noms de la moitié des résistants, c’est quand même incroyable. On ne connaît pas si bien les noms de ceux qui sont vraiment des héros, pas tous… "

Il y a aussi les recteurs des universités, qui, selon Tom Lannoye " vont demander de créer un musée de la Résistance en Belgique ".

Intérieur du fort de Breendonk
Intérieur du fort de Breendonk © Tous droits réservés

Agir contre l’extrême-droite

Un invité engagé qui voit aussi dans le mot " résistance " un fameux symbole. " J’y vois un rôle pour des écrivains, les artistes. La liberté, la liberté de la parole est si importante… On doit défendre ça. De commémorer non seulement les vies des grands résistants, mais aussi ce que ça signifie à l’heure actuelle. Qu’est-ce qu’on peut faire et dire contre l’extrême droite ? ". Une mobilisation et une prise de conscience plus qu’importante donc selon Tom Lanoye. Primordiale.

Violette Szabo, résistante et agent secret britannique...

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