Les éclaireurs

Le 21e siècle sera-t-il celui de la fin des ruines et de la Grande Barrière de Corail ?

© Tous droits réservés

Ce samedi 28 janvier 2023, les invités de Fabienne Vande Meerssche (@fvandemeerssche) dans LES ECLAIREURS sont Peter Eeckhout, archéologue, Professeur ordinaire au département d’Histoire de l’art et Archéologie de l’ULB et spécialiste des civilisations précolombiennes & Emmanuel Hanert, physicien, Professeur ordinaire à l’UCLouvain, de modélisation environnementale, et chercheur à l’Earth and Life Institute.

DIFFUSION : samedi 28 janvier 2023 à 17h08 & dimanche 29 janvier 2023 à 23h08.

Peter Eeckhout

Peter Eeckhout est archéologue et Professeur ordinaire au département d’Histoire de l’art et archéologie de l’ULB. Ses recherches portent sur l’étude des sociétés complexes de l’Amérique précolombienne, en particulier celles des Andes centrales (Pérou, Bolivie, Equateur). Depuis les années 1990, il dirige les fouilles du grand site de Pachacamac, à proximité de Lima, site inscrit au patrimoine de l’UNESCO.

Vue partielle du site de Pachacamac
Vue partielle du site de Pachacamac © CReA ULB

Il y étudie l’architecture monumentale et des contextes funéraires des périodes inca et pré-inca. Consultez ici le dossier rédigé, en 2012, par Peter Eeckhout pour Koregos sur la découverte et l’analyse d’une momie de Pachacamac.

Fouille d’une sépulture de canidé dans le B3, B15- peintures murales, Offrandes in situ
Fouille d’une sépulture de canidé dans le B3, B15- peintures murales, Offrandes in situ © CReA ULB

Docteur en Histoire de l’art et Archéologie, Peter Eeckhout a consacré sa thèse au site de Pachacamac. Il a débuté sa carrière en tant que collaborateur scientifique au département des collections américaines des Musées Royaux d’Art et d’Histoire. Il a ensuite obtenu plusieurs mandats FNRS pour poursuivre ses recherches.

En février 2022, Peter Eeckhout a contribué à l’ouvrage " Unveiling Pachacamac, New hypotheses for an old andean sanctuary " qui refait le point sur les recherches et découvertes menées sur le site depuis ces vingt-cinq dernières années.

En novembre 2021, Peter Eeckhout a publié un ouvrage intitulé " Patrimoine mondial en péril " aux éditions Passés/ Composés. Il présente des sites aussi exceptionnels que Angkor, Palmyre, Giza, Délos, Nazca, Carthage, ou encore, parmi bien d’autres, Venise et Pompéi… Des sites menacés par ce qu’il nomme " les sept plaies " du patrimoine archéologique mondial : urbanisation, pillages, tourisme de masse, destructions volontaires, négligence, restaurations abusives, et changements climatiques. L’archéologue insiste sur la protection indispensable de ces sites remarquables, et sur l’exigence d’étudier et de documenter ce qui ne pourra pas être sauvé ! Peter Eeckhout lance l’alerte pour que " le 21e siècle ne soit pas celui de la fin des ruines ! "

Ecoutez ici l’interview de Peter Eeckhout qui présente son livre sur France Bleu.

Un ouvrage coécrit par Peter Eeckhout vient aussi de paraître aux éditions Rafael Valdez. Intitulé "Agua, Tecnologia y ritual " l’ouvrage porte sur la fonction et la cosmologie hydraulique dans le monde pré-hispanique. Réalisé en collaboration avec Milton Luján et Kevin Lane, le livre se base sur les actes du Symposium international, organisé à Lima en 2018, et dédié à la thématique de la technologie et du culte liés à l’eau dans la culture andine.

Peter Eeckhout est membre de la Society for American Archeology, du Colegio de Arqueólogos del Perù et membre fondateur du réseau européen de coordination scientifique " Past crises in the Americas " (CNRS). Il est aussi membre du conseil de direction en charge des fouilles à l’étranger pour le Centre de recherches en archéologie (CReA) de l’ULB.

De 2016 à 2018, il a développé avec Arte, la série de documentaires " Enquêtes archéologiques ". Il poursuit depuis cette carrière parallèle dédiée à la vulgarisation scientifique, en contribuant à d’autres documentaires télévisés en rapport avec l’archéologie dont " Enfants du Soleil : Les Incas ", diffusé ce samedi 28 janvier 2023 à 21h45 sur Arte.

Cliquez ici pour regarder "Enfants du Soleil : Les Incas".

Il vient de terminer le long métrage " Empire Inca : un Géant se dévoile ", coécrit avec le réalisateur Thibaud Marchand, diffusé prochainement sur Arte.

Consultez les publications de Peter Eeckhout sur Academia.

Emmanuel Hanert

Emmanuel Hanert est physicien, professeur ordinaire à l’UCLouvain ; il enseigne la modélisation environnementale, l’écologie mathématique, l’analyse de fonctions et l’utilisation des data sciences en bio ingénierie. Il a été vice-doyen de la Faculté des Bioingénieurs Agro-Louvain de 2015 à 2019. Avec son groupe de recherches à l’Earth and Life Institute, il développe des modèles permettant de simuler la dynamique des courants, des vagues et la dérive de différentes substances, telles que des polluants, des sédiments et des organismes vivants, dans les zones côtières. Ce modèle, appelé SLIM, est actuellement utilisé dans la Grande Barrière de Corail (Australie), en Indonésie, dans le Golfe Persique, la Mer Noire, la Mer du Nord, la Barrière de Corail de Floride, les Bahamas et les Îles Vierges américaines.

Ce modèle SLIM a notamment servi à simuler les échanges de larves entre des récifs coralliens. Emmanuel Hanert et son équipe ont montré comment ces échanges (appelés connectivité) sont impactés par le réchauffement global. Lorsque la température augmente, les larves se développent et meurent plus rapidement ; elles vont moins loin et peuvent donc plus difficilement assurer le repeuplement de récifs, impactés par du blanchiment, un ouragan ou une maladie. La résilience des écosystèmes coralliens s’en trouve ainsi réduite. Les résultats de cette étude ont été publiés dans Nature Climate Change et ont aussi fait l’objet d’un communiqué de presse.

Il y a un peu plus d’un an, le groupe de recherche d’Emmanuel Hanert a été contacté par l’ONG Australian Marine Conservation Society, pour évaluer l’impact sur les écosystèmes marins d’un projet de mine de charbon qui aurait été développé juste à côté de la Grande Barrière de Corail. Emmanuel Hanert et son équipe ont montré que les sédiments libérés par les activités minières auraient eu un impact à grande distance sur des zones où se nourrissent des dugongs et des tortues marines. Cette étude a été publiée dans Marine Pollution Bulletin et reprise par l’ONG dans un rapport destiné à la ministre australienne de l’environnement. Résultat – et soulignons que c’est une première ! – : ce rapport a incité les autorités à refuser ce projet de mine. L’information sur ce sujet a été communiquée dans une revue interne à l’UCLouvain.

Illustration de la connectivité entre les récifs de la Grande Barrière de Corail.
Illustration de la connectivité entre les récifs de la Grande Barrière de Corail. © Tous droits réservés

L’équipe d’Emmanuel Hanert a aussi travaillé sur une épidémie qui touche les coraux de Floride et des Caraïbes. Le modèle créé pour déterminer les causes de la maladie et son vecteur a permis de comprendre comment la connectivité entre les récifs coralliens était une arme à double tranchant, qui peut améliorer mais aussi rapidement dégrader l’ensemble du système. Cette étude a été publiée dans Frontiers in Marine Science. Ce travail de recherche sur le facteur de transmission se poursuit. Comme l’agent infectieux semble être transporté par les courants marins, ils simulent ces derniers pour identifier les zones qui risquent d’être touchées à l’avenir. Toujours en Floride, ce laboratoire simule aussi l’impact des ouragans (comme récemment Ian) sur la dynamique des courants et donc sur le transport des larves de corail et des agents infectieux de la maladie mentionnée ci-dessus. Ces ouragans peuvent avoir un effet positif puisqu’ils transportent les larves de corail plus loin et vers des zones où elles n’iraient pas " en temps normal ". Mais, revers de la médaille, les ouragans transportent aussi les vecteurs des maladies et accélèrent ainsi leur transmission.

L’équipe d’Emmanuel Hanert étudie aussi la vulnérabilité aux nappes de pétrole de certaines infrastructures côtières (comme des stations de désalinisation ou des terminaux gaziers). Ils ont en particulier étudié la vulnérabilité du terminal gazier de Ras Laffan au Qatar qui exporte plus de 20% du gaz naturel liquéfié (LNG) consommé globalement. Par sa position au nord du Qatar, au cœur d’un important trafic de pétroliers (et un environnement de grandes tensions géopolitiques), le risque d’une marée noire impactant ce terminal est réel. Dans ce cas, toutes les exportations de gaz du Qatar pourraient être stoppées. Les résultats de cette étude viennent d’être publiés dans Nature Sustainability, et sont résumés dans ce communiqué de l’UCLouvain.

Enfin, notons qu’Emmanuel Hanert a aussi cofondé la plateforme Sealab. Cette plateforme de modélisation permet de simuler la dynamique des courants et des vagues n’importe où dans le monde et pour n’importe quelle période de temps.

Consultez les publications d’Emmanuel Hanert sur son site personnel.

Les Éclaireurs

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Articles recommandés pour vous