C’est donc à Manuel Couvreur et à son livret de l’enregistrement des suites pour luth seul de Laurent de Saint-Luc que l’on doit des précisions sur la vie intéressante, mais encore pleine de zones d’ombre, de ce musicien. Laurent de Saint-Luc est probablement né à Bruxelles en 1669, en tout cas, c’est en la cathédrale des Saints Michel et Gudule qu’il est baptisé le 10 août de la même année. Il apprend le théorbe et le luth, mais se fera aussi remarquer à la guitare qui commence à prendre plus de place dans le milieu musical.
C’est probablement vers 1695 au moment du bombardement de la ville de Bruxelles par les Français que Laurent quitte nos contrées pour la France et la Cour du Roi où son père, sans y être officiellement installé, avait déjà pu se produire. Il en ira de même pour Laurent. Après Paris, est-ce pour des raisons économiques ou parce que le clavecin prend les devants la scène, Laurent part pour Vienne où il écrira plusieurs pièces qui offrent une vision musicale de la ville des Habsbourg.
Ses pièces pour luth sont intéressantes dans leur mise en image de sons. Par exemple, on trouve une série de pièces dont les titres évoquent des victoires de batailles ayant eu lieu durant la guerre de succession d’Espagne comme La défaite des Français devant Turin ou encore La réduction de Naples. Mais si la musique de Saint-Luc laisse place à quelques marches et quelques pièces aux sonorités militaires, son esthétique n’en est pas pour autant chargée. Au contraire, on y distingue clairement la mélodie posée sur son accompagnement. Par contre, Saint-Luc reste globalement fidèle à la suite de danse, genre caractéristique de la musique instrumentale baroque, mais sait y ajouter une touche personnelle. Il compose également plusieurs pièces isolées.