Un poème gravé dans la pierre, inscrit sur les murs de l'hôtel Vernon, un hôtel particulier à Arles... Laurence Vielle nous fait découvrir l'univers de l'artiste sud-coréen Lee Ufan.
La Pierre
Une grande pierre est là dans le jardin
Autrefois, un fragment du ciel chuta sur la terre
Et se solidifia peu à peu de l’intérieur, semble-t-il
Parfois le vent la caresse
Parfois les oiseaux chantent tout autour
A l’instant où les arbres sombrent dans un rêve,
La pierre devient furtivement le ciel
La pierre ne bouge pas si facilement
La pierre se tait habituellement
La pierre reste pierre
De temps en temps, le monde devient pierre
Assis sur la pierre
Je lève les yeux pour regarder le ciel
Je baisse les yeux pour regarder la terre
Je ferme les yeux pour réfléchir en moi-même.
Dans le lointain, le vent s’endort
Des centaines de millions d’années s’écoulent
Sans que je ne m’en aperçoive, je deviens pierre.
Le mot de Laurence Vielle
Ce poème est inscrit sur les murs d’un hôtel particulier à Arles, l’hôtel Vernon, où sur trois étages se déploie l’oeuvre du peintre et sculpteur Lee Ufan.
La philosophe Pascale Seys m’a fait connaître ce poème lors d’une magnifique intervention pour ouvrir La Maison Poème en septembre 2022 à Bruxelles.
Lee Ufan est un artiste sud-coréen né en 1936. A cette époque, la Corée du Sud est encore une possession de l’empire du Japon où il s’installe quand il a vingt ans.
Actuellement, il partage sont temps entre Kamakura au Japon, et Paris.
Il est mondialement reconnu et son travail est parfois considéré comme proche de l’art minimal. Il a fondé le groupe d’avant-garde Mono-ha ou Ecole des choses, le premier mouvement japonais d’art contemporain reconnu à l’international. Il est surtout connu pour ses sculptures minimalistes en acier et en pierre qui accentuent les juxtapositions entre objets et la relation entre les objets et leurs environnements.
Il déclare : "le travail n’est jamais terminé parce que la perfection ou l’exhaustivité n’existent pas".