Comme un million de papillons noirs est l’histoire d’une petite fille, Adé, qui développe un désamour de ses cheveux à la suite de moqueries d’autres enfants. Sa mère va alors lui faire comprendre la beauté de ses cheveux. Pour cela, elle utilise la métaphore du papillon en lui montrant que ses cheveux sont beaux comme des papillons noirs. Entourée de sa maman, de ses tantes et sa grand-mère, Adé va progressivement apprendre à aimer ses cheveux et se trouver belle.
Le titre de l’ouvrage est emprunté à une formule de Toni Morrison dans son roman God help the child : "Her clothes were white, her hair like a million black butterflies asleep on her head" ("Ses vêtements étaient blancs, ses cheveux comme un million de papillons noirs endormis sur sa tête").
À travers ce court récit, Laura a souhaité aider les petites filles (et les femmes également) à se trouver belles avec leurs cheveux afros. Ce sujet est rarement abordé dans la littérature jeunesse et traité avec beaucoup de douceur et de poésie. Ce livre, c’est en quelque sorte celui qu’elle aurait aimé avoir quand elle était petite. Comme son personnage, Laura a été moquée pour ses cheveux quand elle était petite. Pour elle, il était donc "important de réinstaurer le fait qu’il y a de la beauté dans ce genre de coiffure parce que ce sont nos cheveux naturels", explique-t-elle.
Dès son plus jeune âge, Laura développe sa soif de l’imaginaire. Le fait de ne pas avoir de princesse ou de personnage auquel s’identifier étant petite provoque chez elle l’envie de construire ses propres histoires. "En tant qu’enfant ayant grandi dans les années 90, un des rares personnages noirs auquel je pouvais éventuellement m’identifier dans la littérature française était Remi dans Tom Tom et Nana", raconte-t-elle. Face à ce manque de représentation elle a voulu créer des héros et héroïnes qui lui ressemblaient et qui se rapprochaient de sa réalité.
Écrire. Pour qu’il ne soit plus possible de dire encore une fois : je ne savais pas
Dans la littérature francophone, la majorité des héros et héroïnes sont blancs. Lorsque des personnes noires sont représentées, elles le sont souvent sous le prisme du regard blanc, avec tous les biais cognitifs que cela peut engendrer. Les personnages que Laura invente, évoluent dans un quotidien européen et sont loin des clichés qu’on peut régulièrement voir lorsque des personnes dites minorisées sont représentées dans les productions culturelles (livres, cinéma, théâtre…). Les personnages de Laura sont construits sur la valorisation des différences et non sur des logiques de racisme ordinaire. Les enjeux de la diversité sont importants explique Laura. "Sans figures positives auxquelles s’attacher, l’enfant peut se sentir abandonné ou douter de sa propre personne (se sentir laid ou laide comme le personnage d’Adé par exemple). Mes livres jeunesse sont donc des réponses pour les enfants à la recherche de personnages auxquels s’identifier mais également des réponses pour les parents afrodescendants qui peinent à trouver des livres pour leurs enfants".