C’est une thématique pour le moins particulière que nous propose Cécile Poss dans L’odyssée de Pierre Solot. Ils s’intéressent aux décès étranges et quelque peu insolites des compositeurs, ceux qui ont été assassinés, ceux dont on ne connaît pas les causes exactes ou les circonstances précises de leur trépas, et ceux qui ont quitté ce monde à cause d’un stupide accident.
Direction l’Autriche, nous sommes le 15 septembre 1945, Anton Webern dîne copieusement avec sa famille, chez sa fille Christine. Son gendre, Benno Mattel, lui offre un cigare et pour ne pas déranger les convives et ne pas importuner les enfants avec la fumée, Webern va fumer son cigare dehors, sur les marches de la demeure, située à Mittersill. C’est alors que trois coups de revolver abattent le compositeur.
Nous sommes donc le 15 septembre 1945, l’Allemagne nazie a capitulé depuis le 8 mai. Webern avait été enrôlé en 1943 et il y a des moments où il sombre dans l’alcool et où il s’accuse d’avoir tué un homme. Quant à son gendre, Benno Mattel, il se livre au marché noir. L’armée américaine, ayant eu vent des activités de Benno Mattel, décide de procéder à son arrestation, justement ce fameux soir du 15 septembre 1945.
Andrew Murray et Raymond Norwood Bell se rendent sur place. S’apprêtant à rentrer dans la maison par une porte secondaire, Raymond Norwood Bell entend soudainement du bruit sur le devant du bâtiment. Il fait donc demi-tour et arrive au niveau du porche… La suite des événements est enrobée de mystères, personne n’étant en mesure d’expliquer ce qu’il s’est réellement passé. Tout ce que l’on sait, c’est que le soldat-cuisinier Norwood Bell tire bien trois fois et qu’il tue Anton Webern. Benno Mattel est arrêté mais personne n’y prête réellement attention, quant à Raymond Bell est jugé par l’armée américaine. Il jure que le musicien l’a agressé et qu’il n’a fait que se défendre. Pourtant, l’âge (61 ans), le caractère et surtout l’état de santé de Webern laissent très peu de doute sur le fait qu’il ne représentait absolument aucun danger.
Le militaire est donc condamné à dix jours d’emprisonnement et il est renvoyé chez lui en Caroline du nord. Rongé par le remords, il va mourir d’alcoolisme en 1951.
Encore dotée de nombreuses zones d’ombre, cette nuit du 15 septembre 1945 constitue encore aujourd’hui un sujet d’étude et donc, aussi, de fantasme.