Artiste sonore, DJette, beatmakeuse, afroféministe bruxelloise, femme de radio, et désormais créatrice de podcasts, Rokia Bamba n’a pas fini de nous étonner. Le 1er mai dernier, le premier épisode de sa série "Sororités, conversations with my sistas", produit avec Studio Balado, a été publié.
Tous les mois, jusqu’à décembre, elle recevra deux femmes artistes, ses "sistas", pour un moment de partage, de rires, de rêves et de souvenirs. Au programme, un savant mélange d’intime et de politique que ces femmes abordent au travers de plusieurs thématiques. Intersectionnalité, féminisme, décolonisation, question du care, représentation des femmes, musique : elles parlent de tout, s’inspirent les unes des autres, et l’air de rien, créent un podcast d’empouvoirement collectif.
"Les rythmes et les bruits sont les moteurs de ma vie" confiait Rokia Bamba dans une interview pour le Black History Month Belgium. À l’occasion du lancement de sa série de podcasts, nous avons discuté avec elle de l’importance d’aller à la rencontre des autres pour se déconstruire. Son engagement, tout comme la musique, occupe une place importante dans sa vie.
Quel est le concept du podcast et pourquoi l’avez-vous créé ?
C’est Michel-Ange Vinti du Studio Balado qui m’a proposé cette forme d’expression. C’est vrai que j’ai toujours travaillé derrière pour fabriquer des podcasts au niveau sonore, notamment des génériques. Jamais je ne m’étais posée la question d’un faire un. Il est venu par hasard et il m’a dit : "Je te propose de créer ton concept. Et puis on fonce." Donc je me suis dit que c’était l’occasion d’ouvrir ma bouche, encore une fois. (Rires)
J’ai une fille et j’aimerais lui donner les clés pour qu’elle puisse ouvrir des portes par elle-même
Le titre du podcast est "Sororités, conversations with my sistas". Pourquoi la sororité est-elle importante, selon vous ?
C’est important de valoriser celles ou ceux qui sont peu souvent entendus. J’ai l’impression qu’en tant que femmes, on n’est pas suffisamment entendues, écoutées, comprises. Et je me suis dit que c’est justement la sororité qui m’a sortie de mes déboires, des fragilités de la vie, des déceptions amoureuses, de tout ce qui touche à ma vie intime, et de femme active. Ce sont mes sœurs qui me portent, qui m’écoutent et qui m’aident à avoir une vision beaucoup plus recentrée et décentrée sur les choses. Ce n’est pas évident d’avoir cet entourage-là. Et une fois qu’on l’a, il faut tout faire pour le préserver, parce qu’ils et elles nous accompagnent tout au long de notre vie.