L’Art nouveau à Bruxelles. Demeures intemporelles, au cœur d'un bel album aux Editions Racine

Le style architectural apparaît en 1893 avec les réalisations de Victor Horta et de Paul Hankar. Il fleurit pendant une vingtaine d’années. La première guerre mondiale met fin à l’aventure. En 1893 s’élèvent l’Hôtel Tassel dessiné par Victor Horta et la maison personnelle de Paul Hankar.

L’Hôtel Tassel est un manifeste de l’Art nouveau. Il méritait le premier article qui a été réservé à la Maison Autrique, datant de la même année, une maison éclectique qui annonce par quelques rares éléments, une mosaïque et une cage d’escalier disposant d’un éclairage zénithal, le prestigieux Hôtel Tassel. La maison-portrait de l’ingénieur Emile Tassel, collaborateur d’Ernest Solvay, apporte une révolution spatiale. La porte d’entrée est placée au centre de la façade. La distribution de l’espace rompt avec celle de la maison traditionnelle bruxelloise qui présente trois pièces en enfilade. La structure métallique est apparente et le style organique suggéré par la courbe se révèle.

La Maison Hankar considérée également comme un premier bâtiment Art nouveau à Bruxelles demandait une notice. Cécile Dubois privilégie deux autres réalisations de l’architecte, l’Hôtel Ciamberlani et l’ancienne chemiserie Niguet, sise 13 rue Royale, occupée aujourd’hui par le fleuriste Daniel Ost. Paul Hankar qui initie une voie Art nouveau plus géométrique partage avec Victor Horta les références à la nature qui est une grande inspiratrice de l’Art nouveau.

L’Hôtel Otlet est dessiné par l’architecte Octave Van Rysselberghe, le frère du peintre Théo, et la décoration et vraisemblablement une partie du mobilier sont réalisées par Henry van de Velde. Le tout est harmonieux. Un cabinet d’avocats a acquis le bâtiment. Parmi les avocats associés figure l’écrivain Daniel Berenboom dont l’engagement est à l’origine du classement de l’Hôtel Otlet en 1984. Le pacifiste Paul Otlet, docteur en droit et militant socialiste, est le fondateur avec Henri La Fontaine du Mundaneum.

L’Hôtel Solvay, le chef-d’œuvre de Victor Horta, illustre aussi le principe d’art total. L’architecte dessine tous les éléments de la décoration et du mobilier. Il emploie trente-deux types de marbre et douze essences de bois.

L’Art nouveau à Bruxelles n’est pas exclusivement un livre d’architecture. En brossant les portraits des commanditaires, l’ouvrage raconte un pan de l’Histoire de la Belgique. Le sauvetage tardif de ces demeures intemporelles non par les autorités publiques, mais par des privés éclairés est évoqué entre les lignes. Le nom de l’architecte Jean Delhaye est cité. L’ancien stagiaire de Victor Horta consacre une grande partie de son temps à la préservation de l’œuvre du maître, à partir de 1950. Ainsi, il acquiert l’Hôtel Tassel en 1976.

Le bel ouvrage des éditions Racine ne recense pas uniquement des hôtels de maître et autres maisons prestigieuses dont les commanditaires appartenaient à la bourgeoisie industrielle ou au monde des arts et des sciences. L’ancien groupe scolaire Josaphat et le complexe d’habitations ouvrières du Foyer schaerbeekois, deux réalisations de l’architecte Henri Jacobs, signalent deux projets sociaux parmi d’autres. La Maison du Peuple, de Victor Horta, n’est plus là pour en témoigner.

La parution de ce volume consacré à l’Art nouveau titille l’intérêt du lecteur qui espère poursuivre l’histoire de l’architecture bruxelloise en découvrant un possible volume dédié à l’Art déco.

Cécile Dubois au micro de Pascal Goffaux.