Et en fonction de ce qui est produit sur ces parcelles. Si l’ombre engendrée ne gêne pas les moutons, elle peut avoir des répercussions sur certaines récoltes. S’il y a des canicules comme l’été 2020, cette ombre peut être bénéfique. Par contre, si l’ensoleillement pendant l’été n’est pas optimal, comme cette année, les récoltes peuvent être impactées négativement.
"Les projets allemands montrent que l’on garde un bon rendement même si on perd un peu de superficie au sol, continue le professeur. Mais on change la vitesse de travail des agriculteurs sous les panneaux. Il est moins facile de passer avec un tracteur, il faut être plus attentif."
Une meilleure 'efficacité' des terres
L’un dans l’autre, "on arrive finalement à une meilleure 'efficacité' des terres que si on découplait ces deux productions, explique Frédéric Lebeau. La combinaison des deux est potentiellement vertueuse car on a besoin de moins de surface pour arriver au même niveau de production énergétique et alimentaire."
Un cadre nécessaire pour protéger les agriculteurs tout en sauvant notre planète
Une production énergétique plus verte, nécessaire pour ralentir le réchauffement climatique et pour que l’Union uropéenne atteigne ses niveaux de productions d’énergie renouvelable nécessaire à la survie de notre planète. Une production plus rentable aussi que l’agriculture. "Jusqu’à dix fois plus rentable", nous dit le Gembloutois. De quoi compenser les éventuelles pertes agricoles.
Mais cette logique de rentabilité est dénoncée par la Fugea et par Terre-en-Vue qui craignent de faire entrer les agriculteurs dans une logique de rente plutôt que dans une logique nourricière. "C’est le cadre d’adoption de l’agrivoltaïque qui permettra d’éviter ce genre de dérives", commente Frédéric Lebeau.
Et de préciser que ces installations ne riment pas forcément avec artificialisation du sol. "Ces installations ne sont pas irréversibles et ne demandent pas une dalle de béton. Le permis est donné pour 30 ans renouvelables. Ensuite, il est possible de les retirer." Là encore c’était une crainte de la Fugea et de Terre-en-Vue, "avec des câbles partout empêchant l’accès des tracteurs et rendant impossible l’entretien de l’herbe."
A Ciney, cet entretien de l’herbe se ferait par des moutons… à condition que le projet soit accepté par la région Wallonne. Car si les demandes de permis d’urbanisme pour l’agrivoltaïque augmentent, on n’en connaît pas encore les réponses. Un cadre doit en effet être mis en place. L’administration y travaille, selon le ministre de l’Agriculture et de l’Aménagment du territoire, Willy Borsus.